La prochaine cible

Publié le 25 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Leurs portraits sont diffusés depuis la mi-février par les médias du royaume. Le premier, imberbe, se nomme Aziz Chikani, alias Youssef. Le second, barbe soignée, est Abdelali Chaïri, plus connu sous le prénom de Bachir. Depuis les attentats suicides de mai 2003 (45 morts), la campagne de répression dans les milieux djihadistes n’a pratiquement pas cessé, mais c’est la première fois que les photos des individus recherchés sont rendues publiques.
Quelques jours auparavant, le 11 février, une réunion a eu lieu à Kénitra avec Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur, le ministre délégué Fouad Ali al-Himma et les responsables de la sécurité. Les Marocains savent désormais que leur pays est visé et que tout est fait pour éviter un nouveau « 16-Mai ». La menace vient d’« al-Qaïda dans les pays du Maghreb islamique », le nouveau nom du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Après l’Algérie et la Tunisie, c’est donc le tour du Maroc. Des opérations de ratissage sont menées, notamment dans le Nord. À Meknès, une cellule a été démantelée. Ses membres sont des salafistes déjà arrêtés – et libérés. Ils s’apprêtaient à frapper, entre autres, un hôpital militaire et un hôtel à proximité d’une base aérienne. Dans le Nord, haut lieu de la drogue et de l’émigration clandestine (les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont très proches de Tanger et de Tétouan), contrôles et recherches sont intenses. Une cellule de recrutement de kamikazes pour l’Irak a été découverte. En interrogeant un suspect, on a appris que son frère venait de sauter à Bagdad. Sur les quarante-cinq personnes interpellées, trois sont maintenues en garde à vue : elles possédaient des cassettes et des documents établissant leurs relations avec al-Qaïda. À Tétouan, la police a également mis la main sur un stock d’explosifs prêts à l’emploi. La crainte d’attentats à la voiture piégée est réelle. Le stationnement est désormais interdit dans certains lieux sensibles.
Les individus recherchés ne sont, confie un responsable, que « la partie visible de l’iceberg ». D’autres, dont les noms n’ont pas été divulgués, sont encore plus dangereux. Plus expérimentés, plus aguerris, ce sont pour la plupart des vétérans du djihad (Afghanistan, Balkans, etc.). Ils se déplacent sans mal à travers l’Europe et ont formé des réseaux redoutables. Appartenant au Groupe marocain pour la prédication et le combat (GMPC), ils ont fait alliance avec les « frères » algériens et apportent à la nouvelle organisation d’al-Qaïda au Maghreb une réelle capacité de nuisance.
L’actuelle mobilisation des autorités marocaines semble avoir un double objectif : préventif et dissuasif. On assiste assurément à une course contre la montre : se sachant visé, le royaume se démène pour déjouer les attentats programmés et espère, en montrant aux terroristes qu’il connaît leurs objectifs, les contraindre à y renoncer.

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