Redistribution des rôles
Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 1 minute.
Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba ont, à partir de 2003, traversé, non sans mal, les périlleuses années de transition. Trois ans plus tard, ils sont partis à la conquête du pouvoir par les urnes, mais en n’hésitant pas, à l’occasion, à recourir aux armes. La réussite du scrutin présidentiel n’a tenu qu’à un fil. La soif de démocratie manifestée par les Congolais et la mobilisation de la communauté internationale ont fini par triompher des pulsions guerrières. Désormais, les deux hommes ouvrent un nouveau chapitre de l’histoire de leurs tumultueuses relations.
Ayant hérité du pouvoir en 2001 après l’assassinat de Laurent-Désiré, son père, Joseph Kabila reste le chef de l’État. Il s’est engagé à être « le président de tous les Congolais » afin de « parachever la reconstruction nationale ». Homme d’affaires reconverti en chef de guerre, Bemba n’est plus le vice-président, mais se veut le chef de file d’une opposition « forte, démocratique et républicaine ». Les dés sont jetés, l’un et l’autre vont devoir tenir leurs promesses.
S’appuyant sur une confortable majorité parlementaire (plus de 300 députés sur 500) et sur son nouvel allié Antoine Gizenga, qui attend d’être officiellement nommé Premier ministre, Kabila a cinq ans pour mener à bien les cinq grands chantiers annoncés pendant sa campagne : infrastructures, emploi, éducation, santé, eau et électricité. « Le Congo se redressera beaucoup plus vite que prévu », avance-t-il. Bemba, pour sa part, entend « surveiller le travail du pouvoir » et « faire des propositions si on veut bien [l]’écouter ». Quant aux 60 millions de Congolais, ils sont en droit de se montrer exigeants à l’égard d’une classe politique qui, dans le passé, s’est rarement signalée par son sens des responsabilités. Après tant d’années de conflits et de manipulations xénophobes, ils n’aspirent plus qu’à la paix.
Pour y parvenir, leurs leaders devront s’efforcer d’isoler les extrémistes. Et de sortir de leurs fiefs électoraux respectifs : l’Est pour Kabila, l’Ouest pour Bemba.
