Moqtada Sadr, l’homme à abattre

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Pour une fois, les forces d’occupation et la résistance sont d’accord : Moqtada Sadr, le chef de l’armée du Mahdi, la plus puissante milice chiite, est l’homme à abattre. Sadr City, son fief à Bagdad, a été frappé à quatre reprises par l’insurrection sunnite. L’opération de la mi-novembre, avec voitures piégées et mortiers, a été la plus meurtrière depuis le début de l’invasion : plus de deux cents morts. Parallèlement, des attentats ont été perpétrés contre le ministère de la Santé, qu’il contrôle. De son côté, l’armée américaine le considère, à raison, comme un fauteur de guerre civile et n’exclut pas le recours à la manière forte contre ses bastions. La « nouvelle coalition » que George W. Bush invite ses amis de Bagdad à constituer a pour objectif de réduire l’influence – et la nuisance – d’un chef chiite pas comme les autres.
Fin novembre, Moqtada a retiré ses trente députés du Parlement et ses six ministres du gouvernement. Il met une condition à leur retour : l’annonce d’un calendrier pour l’évacuation des troupes américaines. Nouri al-Maliki, le Premier ministre, n’est pas pressé pour autant de constituer la « nouvelle coalition » et de rompre avec Moqtada Sadr. Il lui doit sa désignation à la tête du gouvernement au détriment d’Adel Abdel Mahdi, le candidat d’Abdelaziz al-Hakim, chef du principal parti chiite, et de la Maison Blanche.
Mais Moqtada Sadr, c’est combien de divisions ? Il tire d’abord sa puissance de sa famille. Il est le fils de l’ayatollah Mohamed Sadiq Sadr, le rival du grand ayatollah Ali Sistani, qui fut assassiné par les sbires de Saddam en 1999. À 25 ans, il a reçu en héritage un vaste réseau de mosquées, d’écoles et de centres sociaux implantés parmi les masses chiites démunies. Autre facteur de popularité, il s’est toujours opposé à l’occupation et, s’il participe à la coalition chiite au pouvoir, il garde la haute main sur l’armée du Mahdi, dont les effectifs sont estimés à quelque dix mille hommes. À son actif : la destruction de plus de deux cents mosquées sunnites et la mort de deux cent soixante imams et employés du culte. Il dispose de plusieurs sources de financement qui vont de la contribution des fidèles au contrôle des pompes à essence en passant par l’Iran.
On ne manquera pas de parler de Moqtada Sadr en 2007. Celui que l’hebdomadaire Newsweek tient pour « l’homme le plus dangereux d’Irak » risque encore d’être l’empêcheur d’occuper – et de déguerpir – en rond.

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