Mechaal, cible ou partenaire ?

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

L’annonce, le 16 dé-cembre, de la tenue d’élections anticipées en Palestine est parfaitement compréhensible. Depuis l’arrivée du Hamas au pouvoir, l’embargo imposé aux Territoires par Israël, avec la bénédiction internationale, suscite misère et chaos. Les tractations entre le Fatah et le Hamas en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale ont échoué. Mais la décision de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a mis le feu aux poudres et risque de provoquer la guerre civile tant redoutée.
Les Israéliens soutiennent l’initiative d’Abbas, mais avec circonspection. C’est qu’ils ne se bercent guère d’illusions sur ses chances de l’emporter, bien que le Hamas, leur ennemi plus que jamais prioritaire, ait perdu de sa popularité. Surtout, ils craignent que les actions de résistance, notamment les tirs de Qassam contre leur territoire, ne reprennent de plus belle. Pour les stratèges de Tsahal, une vaste opération à Gaza pourrait, à terme, devenir inévitable. En attendant, Israël concentre le tir sur Khaled Mechaal, le chef du Hamas aujourd’hui installé à Damas, à qui l’on promet le même sort que celui réservé à ses prédécesseurs, Cheikh Ahmed Yassine et Abdelaziz Rantissi, assassinés l’un et l’autre en 2004.
Depuis qu’ils l’ont « ciblé », les Israéliens l’assimilent à Oussama Ben Laden. La comparaison avec Hassan Nasrallah serait plus pertinente. Le Hezbollah libanais apparaît de plus en plus comme un modèle pour le Hamas, qui s’inspire de sa stratégie alliant action armée et mobilisation populaire. À l’instar d’Al-Manar, la télévision de la formation chiite, le Hamas s’est doté d’une chaîne installée d’abord à Gaza, puis à Dubaï. Mais, bien entendu, c’est l’alliance privilégiée avec l’Iran et la Syrie qui constitue le principal point commun entre les deux partis islamistes.
Après la « guerre des 33-Jours » au Liban et la « victoire » du Hezbollah, le Hamas se sent en position de force. Ainsi, tandis qu’Abbas cherchait une issue à la crise, Mechaal adressait un ultimatum à Israël et menaçait de déclencher une troisième Intifada. En parallèle, ce même Mechaal était au cur des négociations secrètes initiées par l’Égypte en vue d’échanger le caporal israélien Gilad Shalit (capturé au mois de juin dernier) contre des prisonniers palestiniens.
Alors, homme à abattre ou inévitable partenaire ? La confusion des rôles paraît moins mystérieuse si l’on considère que Mechaal (comme le Hamas lui-même) est devenu un rouage dans une vaste confrontation qui implique, au-delà des Israéliens et des Palestiniens, les États-Unis de George W. Bush et l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad.

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