L’URSS envahit l’Afghanistan

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 3 minutes.

C’est après trois jours d’intenses combats que l’armée Rouge prend possession, le 27 décembre 1979, de Kaboul. Les points névralgiques de la capitale afghane sont sous contrôle. Babrak Karmal, dans un discours préenregistré, se proclame président et annonce la fin du règne de Hafizullah Amin. Accusé d’être à la solde des États-Unis, ce dernier est arrêté et exécuté sur-le-champ. Quarante mille soldats russes envahissent l’Afghanistan. Une guerre de dix ans vient de commencer.
La Russie a toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour ce pays de l’Asie centrale avec lequel elle a noué des relations diplomatiques dès l’accession de celui-ci à l’indépendance, en 1919. Depuis, Moscou et Kaboul entretiennent une étroite collaboration économique et militaire. Habité par des Pachtouns, des Tadjiks, des Hazaras et des Ouzbeks, l’Afghanistan est encerclé par la Chine, le Pakistan – lié aux États-Unis par un traité de défense -, l’Iran et l’URSS, laquelle cherche à isoler la Chine. Situé sur la route du pétrole, le pays occupe une place stratégique en ces temps de guerre froide.

Depuis 1978, la situation y est tendue. Nationaliste et communiste, l’impétueux Hafizullah Amin refuse de n’être qu’une marionnette aux mains de Moscou. Il multiplie les « contacts » avec Washington après l’assassinat, en février 1978, de l’ambassadeur américain Adolph Dubs, qui ne sera pas remplacé. Architecte du coup d’État militaire du 27 avril 1978, organisé avec l’aval des Russes, Amin participe au renversement du gouvernement réformiste du général Mohamed Daoud et installe Mohamed Nour Taraki à la tête du pays. L’Afghanistan est rapidement transformé en une République populaire satellite de l’URSS. Insatiable, Amin prend de plus en plus d’importance au sein du gouvernement et cherche à confisquer le pouvoir, affaiblissant toujours un peu plus Taraki. Dans le même temps, une résistance, encouragée par les États-Unis, s’organise dans les milieux islamistes. Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité du président américain Jimmy Carter, révélera bien plus tard, en 1998, que, dès « le 3 juillet 1979, le président Carter avait signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul », souhaitant entraîner les Russes dans le « piège afghan ». Craignant que la fièvre de la rébellion islamiste ne gagne les quelque 40 millions de musulmans vivant en URSS, le président Leonid Brejnev insiste auprès de Taraki pour qu’il remplace Amin par son rival de longue date, le modéré Karmal. Informé du complot, Amin fait assassiner Taraki à son retour de Moscou, le 16 septembre 1979, et prend sa place.

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Conscient du danger islamiste, le nouveau gouvernement repousse, le mois suivant, les rebelles intégristes. Décidé à s’émanciper de la « tutelle » soviétique, Amin exige le départ de l’ambassadeur russe et ordonne à ses compatriotes de ne pas obéir aux « étrangers en uniformes » présents sur le sol afghan. Il aurait même déclaré aux Américains qu’il était prêt à expulser les conseillers soviétiques.
L’URSS ne peut tolérer plus longtemps ces provocations et décide de passer à l’action. En portant au pouvoir, le 27 décembre 1979, Babrak Karmal, elle pense avoir fait le plus dur. Mais c’est compter sans la rébellion des moudjahidine, les « combattants de Dieu », soutenus et armés par les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine. La CIA dépensera plus de 2 milliards de dollars et recrutera un certain Oussama Ben Laden pour bouter les Russes hors du pays. Le conflit tournera au désastre pour l’armée Rouge. Le 15 février 1989, Mikhaïl Gorbatchev décide le retrait des troupes soviétiques. Dernière crise grave résultant de l’affrontement Est-Ouest, la guerre d’Afghanistan aura fait plus de 1 million de victimes, obligé plus de 5 millions de personnes à se réfugier au Pakistan ou dans l’Iran voisins, et déclenché une guerre civile dont les fondamentalistes talibans sortiront vainqueurs, en 1996-1997.

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