Liban et Palestine : double standard
L’actualité a voulu que, ces derniers jours, les gouvernements libanais et palestinien soient contestés en même temps et que des appels à leur remplacement par des gouvernements dits d’union nationale soient lancés, bien que l’un et l’autre soient issus d’une majorité parlementaire démocratiquement élue et bien qu’ils n’aient pas été mis en minorité dans leurs Parlements respectifs. Les deux peuples – libanais et palestiniens – sont, en raison de cette situation, au bord de la guerre civile. La similitude entre les deux situations, critique à Beyrouth et tragique à Gaza, s’arrête là. En effet, l’existence du gouvernement Siniora est mise en cause par un certain nombre de partis politiques libanais qui, ne pouvant renverser le gouvernement grâce aux procédures parlementaires, ont eu recours à des manifestations de rue et à des démonstrations populaires. Ce gouvernement résiste à la pression populaire grâce à l’appui extérieur dont il bénéficie auprès des puissances mondiales (États-Unis, Europe, Russie) et régionales (Arabie saoudite, Égypte).
Les soutiens du gouvernement libanais estiment que les procédures constitutionnelles sont le seul recours possible et condamnent les protestations de rue comme étant un coup de force téléguidé par Téhéran et Damas. Quant au gouvernement Haniyeh (toujours désigné comme le « gouvernement Hamas », non le « gouvernement palestinien »), bien qu’élu démocratiquement, il est contesté par ceux-là mêmes qui soutiennent le gouvernement libanais en raison de sa légitimité démocratique. Depuis son investiture, le gouvernement palestinien est pris pour cible : toute aide internationale lui a été coupée pour le mettre dans l’incapacité de gouverner. Condoleezza Rice et les bailleurs de fonds auxquels s’est joint Ehoud Olmert exigent la constitution d’un gouvernement d’union nationale à Gaza pour lever leur embargo. C’est ce tableau surréaliste qui est en train d’être peint dans ce « Grand Moyen-Orient » appelé de ses vux par Mme Rice. Le même argument, « la légitimité démocratique », est utilisé pour justifier deux politiques diamétralement opposées. La politique du double standard ne gêne plus personne et la démocratie, propulsée depuis la fin de la guerre froide comme norme de bonne conduite internationale, s’avère être une notion à géométrie variable selon qu’on se trouve d’un côté ou de l’autre du mont Liban.
*Universitaire et ancien ministre tunisien.
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