Le drôle de plan de Laurent Gbagbo

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

En Côte d’Ivoire, le plan de sortie de crise est désormais sur la table. Le président Laurent Gbagbo, qui l’a mis au point après plusieurs semaines de concertation, selon ses partisans – de manifestations de soutien, corrigent ses adversaires -, l’a officiellement dévoilé le 19 décembre. C’est une feuille de route en cinq points : instauration d’un dialogue direct avec l’ex-rébellion ; suppression de la zone de confiance ; création d’un service civique national de dix-huit mois ; adoption d’une nouvelle loi d’amnistie générale ; mise en place d’un programme d’aide au retour des déplacés de guerre.
Rien, dans ce plan, n’évoque la démarche d’un père Fouettard. Mais tout contribue à mettre entre parenthèses le Premier ministre Charles Konan Banny, l’opposition politique (Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara en tête), la Cedeao, l’Union africaine, l’ONU et le Groupe de travail international (GTI), que le chef de l’État prend bien soin de ne mentionner explicitement nulle part. Il sort habilement – comme à son habitude – du corset de la résolution 1721 et invite la communauté internationale à rester sur la touche, afin que les Ivoiriens eux-mêmes « s’approprient complètement le processus de paix ».
Mais il pourrait y avoir loin de la coupe aux lèvres. D’autant que les modalités pratiques de ce plan restent à définir. Bien sûr, avec la suppression de la zone de confiance, la force française Licorne et les troupes de l’Onuci n’auront plus de facto de raison d’être, mais Gbagbo ne réclame pas pour autant leur départ. S’il croit possible de tenir des élections « dès juillet 2007 », il n’indique pas sur la base de quelles listes électorales. Or la mise à jour de ces dernières demeure une source de crispation avec ses adversaires. De même, s’il préconise le « dialogue direct » avec les ex-rebelles en vue de leur désarmement, il ne dit rien de la contrepartie qu’il faudra bien leur donner.
Le plus intrigant est sans doute le silence prolongé de ces derniers, alors que les réactions de l’opposition politique n’ont pas tardé. D’ordinaire prompts à mettre en pièces la moindre initiative présidentielle, ils ont, cette fois, pris leur temps, sans doute parce que le débat dans leurs rangs n’est pas simple. Il est vrai qu’il ne l’est pas davantage dans le camp de Gbagbo. Le discours du 19 décembre s’est voulu rassembleur, mais chacun sait bien que les propositions qu’il contient sont encore loin de devenir réalité.

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