L’appel des Quinze

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Quinze anciens ministres des Affaires étrangères, parmi lesquels l’Américaine Madeleine Albright, le Français Hubert Védrine et l’Allemand Joschka Fischer*, ont publié le 18 décembre dans le quotidien britannique Financial Times un texte commun consacré à la crise du Darfour. Ils y estiment que le gouvernement soudanais devra accepter avant la fin de l’année l’envoi dans la région d’une force de sécurité conjointe ONU-Union africaine, faute de quoi il le « paiera chèrement ».
Cette force conjointe devra s’appuyer sur les troupes africaines déjà déployées au Darfour, auxquelles les Nations unies apporteront un soutien financier, logistique et autre afin d’imposer le respect de l’accord de paix conclu entre Khartoum et les rebelles. Des discussions sont en cours entre l’ONU et le gouvernement soudanais à propos de la mise en uvre de la résolution adoptée le 19 décembre par le Conseil de sécurité.
Les quinze diplomates estiment que « le président Omar el-Béchir doit se convaincre que son intérêt est d’autoriser le déploiement d’une force internationale au Darfour, non en vue d’une occupation, mais pour des raisons humanitaires ». Cette démarche est conforme au principe de la responsabilité des États dans la protection de leurs populations adopté l’an dernier, à l’unanimité, par l’ONU. Le texte envisage un certain nombre de sanctions qui pourraient être appliquées, de manière graduelle, au régime de Khartoum. D’abord : interdiction de voyager pour les responsables civils et militaires coupables de violations des droits de l’homme et gel de leurs avoirs à l’étranger. Ensuite : blocage du transfert des revenus du pétrole et embargo sur la vente d’équipements pétroliers. Enfin : gel des comptes bancaires à l’étranger de toute personne liée au parti au pouvoir à Khartoum, y compris les chefs de milice. Ces sanctions s’accompagneraient d’une accélération de l’enquête visant ceux qui ordonnent ou commettent « des crimes contre l’humanité » au Darfour.
Dans l’ensemble, on peut juger ces dispositions plutôt mesurées. Mais l’une d’entre elles pose problème : le blocage des revenus pétroliers, qui reviendrait à priver les Soudanais, qu’ils soient du Nord, du Sud ou du Darfour, de leur principale source de revenus, aggraverait leur situation matérielle déjà effroyable et ne manquerait pas d’envenimer un peu plus la situation dans la région. Pour s’en convaincre, il suffit de se souvenir des conséquences des sanctions onusiennes contre Saddam Hussein.

* Les autres signataires sont australien, espagnol, luxembourgeois, canadien, turc, polonais, danois, néerlandais, mexicain, thaïlandais, belge et italien.

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