Gbagbo à quitte ou double

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Le tandem formé par Laurent Gbagbo et Charles Konan Banny vire au duel sans pitié. Les incidents se sont multipliés au cours des dernières semaines. Le chef du gouvernement de réconciliation nationale suspend-il des fonctionnaires impliqués dans l’affaire des déchets toxiques à Abidjan ? Le chef de l’État s’empresse de les réhabiliter – ce qui contraint le premier à contester la décision présidentielle Le patron de la Radiotélévision ivoirienne (RTI) diffuse-t-il un communiqué de la primature ? Il est aussitôt limogé par la présidence Bref, malgré le plan de sortie de crise annoncé le 19 décembre par Gbagbo, les nuages annonciateurs de violents orages s’accumulent en Côte d’Ivoire. Le processus de paix y résistera-t-il ?
C’est pourtant l’an prochain que la deuxième transition ouverte le 1er novembre dernier par le vote de la résolution 1721 du Conseil de sécurité de l’ONU est censée s’achever. Pour la communauté internationale, cette seconde transition doit être la dernière. La réunification du pays et la tenue d’élections équitables doivent impérativement avoir lieu le 31 octobre, au plus tard.
Par ailleurs, plusieurs acteurs étrangers impliqués dans le règlement de la crise ivoirienne abandonneront la scène en 2007. Jacques Chirac quittera l’Élysée au mois de mai, Kofi Annan achève son second mandat ce 31 décembre, Pierre Schori, son représentant spécial, souhaite raccrocher et sera vraisemblablement remplacé, tandis qu’Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’Union africaine, a déjà annoncé son départ pour le mois de juillet. Leur remplacement risque de retarder le dénouement de la crise.
L’entourage de Gbagbo attend avec impatience l’élection présidentielle française, convaincu que le départ de Chirac permettra de renouer des liens avec l’ancien colonisateur. Mais le chef de l’État fonde également beaucoup d’espoirs sur l’entrée de l’Afrique du Sud au Conseil de sécurité, en tant que membre non permanent. Thabo Mbeki n’a-t-il pas clairement pris parti en sa faveur ? Par rapport à celle de la France, la voix sud-africaine risque pourtant de ne pas peser bien lourd…
Bien entendu, les autres membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, Royaume-Uni et Russie) auront aussi un rôle à jouer. Ils ont adopté à l’unanimité la résolution 1721 qui risque de ne pas être appliquée : comment réagiront-ils à l’affront ? Réponse dès le mois de février, quand le Conseil dressera un « bilan d’étape » de la transition. Pour accélérer le processus, il pourrait être amené à durcir le texte du 1er novembre…
Que fera Konan Banny si la reprise en main engagée par Gbagbo se poursuit ? L’opposition réunie au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) décidera-t-elle de lancer ses « gros bras » dans la rue, comme ses organisations de jeunesse ont commencé à le faire en décembre ? Comment la rébellion va-t-elle évoluer ? Le suspense est total.

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