Ex-dictateurs devant leurs juges

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Thomas Lubanga, le chef de guerre qui a mis à feu et à sang la région de l’Ituri, en RD Congo, est actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays-Bas. Non loin de là, dans la station balnéaire de Scheveningen, Charles Taylor, l’ancien chef de l’État libérien, attend son jugement dans cette même prison de haute sécurité où fut détenu Slobodan Milosevic, l’ancien dictateur serbe. Il est accusé d’avoir gravement attenté aux droits de l’homme au cours de la période qui a précédé et suivi son accession au pouvoir, en 1997. Son procès devrait s’ouvrir en 2007. Ou en 2008, au plus tard, ses avocats exigeant qu’il soit jugé « dans un délai raisonnable ». Les audiences auront lieu dans les locaux de la CPI, mais seront conduites par les juges du Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone (TSSL), qui lui reprochent son implication dans la guerre civile qui a ensanglanté ce pays pendant presque une décennie. C’est la première fois qu’un ancien chef d’État africain doit rendre compte de ses actes devant la justice internationale.
Un autre ex-dictateur sera fixé sur son sort l’an prochain. Au pouvoir de 1982 à 1990, le Tchadien Hissein Habré s’est réfugié à Dakar au lendemain de sa chute. Il est sous le coup d’une action judiciaire intentée par des victimes de son régime.
Après bien des atermoiements, le Sénégal a fini, le 2 juillet, par accepter de le juger, comme le lui demandait l’Union africaine. Reste à savoir quand. Ce ne sera sûrement pas au cours des quatre premiers mois de 2007, puisque des élections présidentielle et législatives se tiendront à cette période. Par ailleurs, pour que le procès puisse avoir lieu au Sénégal, la loi doit être modifiée. Or la réforme traîne en longueur Selon toute apparence, Habré ne comparaîtra donc pas devant ses juges avant 2008. D’autant que l’organisation du procès à Dakar pose de délicats problèmes logistiques (constitution du dossier, mise en place du tribunal, déplacement des victimes et des témoins, etc.).
Autre épouvantable dictateur, Mengistu Haïlé Mariam, le « Négus rouge » qui, de 1977 à 1991, ensanglanta et affama l’Éthiopie, coule pour sa part des jours paisibles à Harare. Le 12 décembre, il a été reconnu coupable de génocide par la Haute Cour fédérale d’Éthiopie. Mais le gouvernement zimbabwéen s’est empressé d’annoncer son refus de l’extrader. À l’instar du caudillo chilien Augusto Pinochet, bénéficiera-t-il de l’impunité jusqu’à la fin de ses jours ?

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