Développement par la base
En voie de modernisation, le pays a lancé une politique de grands travaux. Priorité aux routes et aux équipements sociaux.
Dans le centre-ville de Malabo, face au port, des hommes d’affaires du monde entier, dossiers en main, se pressent devant un petit immeuble. L’édifice n’est pas bien grand mais il abrite l’un des ministères les plus en vue du pays : celui des Infrastructures et de l’Urbanisme. La Guinée équatoriale a entamé ses grands chantiers. Lors de la première conférence économique nationale organisée à Bata en 1997, il a été décidé que les ressources financières provenant du pétrole devaient être correctement gérées afin que l’ensemble de la population puisse en bénéficier.
Pour mettre en uvre cette volonté politique, la structure Proyectos de Guinea Ecuatorial (GE Proyectos, Projets de la Guinée équatoriale) a été créée par décret présidentiel. Sorte de cabinet technique, elle est chargée de la conception, de la planification, du suivi et de l’exécution de tous les projets gouvernementaux en matière d’infrastructures. Dirigé par Filiberto Ntutumu Nguema Nchama, l’organisme a placé l’action sociale au premier rang de ses priorités. « C’est à travers les réalisations sociales qu’on mesure le degré de développement d’un pays », affirme le directeur général. En Guinée équatoriale, tout est à faire : l’adduction de l’eau potable, l’électrification, la construction de logements sociaux, d’équipements éducatifs et sanitaires, de routes pour désenclaver le pays, d’infrastructures aéroportuaires et portuaires
Tout cela a un coût. À Malabo, où les coupures de courant intempestives agacent la population, l’électrification nécessite de la part de l’État un investissement, selon les premières estimations, de quelque 70 milliards de F CFA, et le projet d’adduction d’eau potable s’élève à quelque 24 milliards de F CFA. La construction de l’aéroport de Mongomeyen, à l’est du pays, coûtera 48 milliards de F CFA. L’agrandissement du port de Malabo est estimé à 50 milliards de F CFA. Quant aux travaux de construction d’un hôtel destiné à la promotion du tourisme sur l’île d’Annobon, ils coûteront plus de 400 millions de F CFA.
À Bata, la deuxième ville du pays, le projet d’adduction d’eau potable est évalué à 119 milliards de F CFA, mais des négociations sont en cours pour revoir ce montant à la baisse. Sur l’île de Bioko, la route reliant Ela Nguema (un quartier de la banlieue sud de Malabo) à Riaba, dans le Sud-Est, coûtera 40 milliards de F CFA. Tracée pour remédier à l’engorgement de la circulation dans la capitale, l’autoroute reliant Ela Nguema à l’aéroport international de Malabo nécessitera plus de 100 milliards de F CFA. Les agrandissements des pistes d’atterrissage des aéroports des deux grandes villes coûteront plus de 4 milliards de F CFA chacun. L’aménagement et l’amélioration de la promenade maritime de Bata atteignent, eux, 13 milliards de F CFA. « Les travaux sont volumineux, déclare Ntutumu Nguema Nchama. Ils absorbent beaucoup d’argent. Mais ce sont pour nous des projets d’infrastructures d’intérêt national. » Certains chantiers sont déjà bien avancés. La route entourant l’île de Bioko n’attend plus que l’achèvement des derniers tronçons. Une fois totalement terminé, l’axe devrait faciliter la circulation des personnes et des biens d’un point à l’autre de la région insulaire.
Dans le secteur de la santé publique, une étude portant sur la construction d’un hôpital de 250 lits sur l’île, pour plus de 16 milliards de F CFA, est en cours. Une polyclinique est en phase de réalisation à Bata. Parallèlement, la réhabilitation des structures sanitaires existantes se poursuit. Bientôt, les logements sociaux prévus dans le cadre des projets Malabo II et Bata seront livrés à leurs acquéreurs. L’espoir de tous est de les voir attribués à ceux qui en ont le plus besoin.
La réalisation de toutes ces infrastructures est confiée à des entreprises aussi bien étrangères que nationales. « La politique gouvernementale est le libre marché, confie le directeur général de GE Proyectos. Il existe des normes légales et une législation qui réglementent les investissements étrangers et les protègent sur le plan juridique. Ce qui attire les investisseurs étrangers, c’est notre stabilité politique. » Investir ne suffit pas, encore faut-il avoir les ressources humaines qualifiées pour mener les travaux à leur terme. Bien souvent, les sociétés étrangères arrivent en Guinée équatoriale avec leurs propres ouvriers. « La législation en vigueur stipule que les entrepreneurs doivent recruter la main-d’uvre nationale, insiste Ntutumu Nguema Nchama. Mais il faut qu’elle soit suffisamment qualifiée et qu’elle puisse répondre aux exigences des entreprises. C’est cela qui garantit la qualité du travail réalisé. » Les autorités ont indiqué qu’elles comptaient ouvrir des centres de formation professionnelle pour permettre aux nationaux de travailler sur l’ensemble des chantiers du pays.
L’un des derniers projets en cours concerne la couverture totale du pays en matière audiovisuelle. Actuellement, les émissions de la télévision nationale ne sont pas reçues sur la partie continentale. Le gouvernement a pris contact avec une entreprise étrangère pour l’amplification du signal télé par le système digital via le satellite. Une chose est sûre : les nombreux chantiers prouvent que la Guinée équatoriale est en train de se moderniser.
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