Du Sahara aux islamistes

Publié le 24 décembre 2006 Lecture : 2 minutes.

2007, année de l’autonomie saharienne et du raz-de-marée islamiste ? Si la première prédiction paraît en bonne voie de devenir une réalité, la seconde – pourtant formulée avec assurance par nombre d’observateurs étrangers – relève plus du wishful thinking et de la météorologie politique que de l’analyse sérieuse. S’il paraît vraisemblable en effet que les islamistes modérés (et makhzéniens) du Parti de la justice et du développement (PJD) remporteront un nombre appréciable de sièges lors des législatives prévues au second semestre – au point que le PJD pourra peut-être prétendre au titre de premier parti du Maroc -, rien de bouleversant ne devrait sortir de cette recomposition du Parlement. Pour toutes sortes de raisons, notamment son déficit de cadres et son absence de culture gouvernementale, le très légitimiste PJD ne veut ni ne peut pour l’instant jouer un rôle central dans la gestion du royaume. Des ministres, oui ; le premier d’entre eux, sans doute pas. L’alchimie issue des urnes devrait en somme démontrer que le Maroc – particulièrement le Trône – parvient toujours à digérer « ses » islamistes.
Reste qu’aux côtés d’un PJD soluble dans la monarchie, deux mouvances issues de l’islam radical poseront à nouveau problème au pouvoir en 2007. L’association Justice et Bienfaisance, du cheikh Abdessalam Yassine, qui se tient à la lisière de la légalité avec ses bataillons de fidèles, relève pour l’instant du contrôle social et sécuritaire. Et la nébuleuse salafiste et djihadiste, dont les cellules terroristes sont loin d’avoir toutes été démantelées, de la répression policière. De l’une et de l’autre, on entendra encore parler au cours de l’année qui s’ouvre.
En fait, le seul vrai changement pourrait venir du Sud. Avant la fin du mois d’avril, le Maroc devrait avoir déposé devant le Conseil de sécurité de l’ONU un plan d’autonomie fiable et détaillé pour le Sahara occidental. On sait par avance que l’Algérie et les indépendantistes du Front Polisario s’y opposeront. Mais Mohammed VI parie à la fois sur la lassitude des membres du Conseil face à un conflit vieux de trente ans et sur la bonne image dont jouit le projet démocratique dont il se veut porteur pour que ce plan soit compris comme une porte de sortie honorable pour tous les protagonistes. Sera-t-il entendu ?

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