Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 24 septembre 2006 Lecture : 6 minutes.

Après les caricatures danoises
– Bis repetita. Après les caricatures danoises, c’est un passage du discours de Benoît XVI prononcé à l’université de Ratisbonne qui enflamme des esprits. Pour beaucoup, c’est du pain bénit que certains ne manqueront pas de « multiplier ». L’incompréhension encore et toujours ! Jamais le religieux n’a fait autant irruption dans l’espace public et pris ainsi le pas sur le politique.
Les propos de Benoît XVI, aussi controversés fussent-ils, ne sont rien à côté de la diatribe au vitriol d’une Fallaci contre les musulmans ou encore comparés aux réflexions d’un Berlusconi, aux relents racistes, sur la supériorité de « sa » civilisation occidentale sur le monde islamique. Seulement voilà, Benoît XVI n’est pas un homme comme les autres : c’est le pape, l’Autorité spirituelle et politique du Vatican. S’il est surtout érudit en controverses théologiques, Benoît XVI ne doit pas ignorer pour autant la géopolitique.
En effet, ce ne sont pas les propos eux-mêmes mais leur opportunité qui serait contestable, compte tenu du contexte géopolitique déjà tendu. De plus, tenus en pleines commémorations, chargées d’émotion, du cinquième anniversaire du 11 Septembre, les propos de Benoît XVI feraient écho au discours d’un président Bush pourfendeur d’un islamo-fachisme – un nouvel « axe du Mal » – et défenseur de la civilisation Une rhétorique bushienne que même les Américains entendent de moins en moins !
Quant au choc des civilisations, là où le discours de Benoît XVI inciterait à élargir le fossé entre « deux mondes », celui du président Chirac éviterait, au contraire, la confrontation entre le monde laïc et religieux, le Nord et le Sud Deux visions du monde opposées ! Encore et toujours l’incompréhension
Ali Darhlal, Talence, France

Maladie sénile de l’islam
– J’ai lu les propos du pape Benoît XVI et je trouve disproportionnées les réactions qu’ils suscitent. Ces propos participent de la réflexion d’un homme public, certes, mais d’un humain malgré tout et, comme tel, ayant des droits humains comme tout le monde, dont celui d’avoir son opinion à lui.
Je crains que ces réactions ne fassent que conforter dans leur croyance tous ceux qui assimilent, justement ou injustement, islam avec intolérance et violence. On ne voit pas souvent des réactions d’indignation d’une telle outrance lorsque des figures emblématiques de l’islam crient « mort aux juifs et aux croisés (les chrétiens) ». Si le gauchisme est la maladie infantile du socialisme, il faut bien convenir que l’islamisme est la maladie sénile et mortelle de l’islam. Et ce n’est pas toujours la faute aux non-musulmans si, proximité sémantique oblige, l’on confond islam et islamisme.
Que Dieu nous préserve des hypocondriaques et atrabilaires de tout poil religieux.
Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

la suite après cette publicité

À la place du pape
– Nous autres musulmans, cette question ne nous regarde pas tant que ça. Mais si ce qu’a dit ce monsieur cause la mort d’êtres humains (une religieuse italienne a été assassinée en Somalie), à sa place (!) je m’en mordrais les lèvres. Personnellement, je crois dur comme fer que chacun a le droit de dire ce qu’il pense en toute liberté, à condition d’en mesurer les conséquences. Le pape a été maladroit. Néanmoins, les violences que ces paroles ont déclenchées sont parfaitement condamnables.
Zied Bakir, Sfax, Tunisie

« Patrick Seale s’égare »
– Il est sage que vous précisiez dans le courrier des lecteurs de Jeune Afrique : « Nous ne publions pas les appels à la haine, [] les textes diffamatoires. [] » Diffamer, c’est porter atteinte à la réputation d’autrui et, implicitement, appeler à son mépris, n’est-ce pas ? Sages en volonté, l’êtes-vous sur le terrain ? Dans un article de votre numéro double 2379-2380, « Jusqu’où ira Israël ?, je lis en page 10 : « Qualités d’hommes d’État qui semblent faire cruellement défaut au Premier ministre Ehoud Olmert et à ses collègues. » Assurément, Patrick Seale, en écrivant ces mots, atteint à la réputation du gouvernement israélien et appelle vos lecteurs à son mépris.
Il y a plus, toujours page 10 : « Trouble psychologique profond, une sorte d’égarement. » Patrick Seale ne s’éloigne-t-il pas, de la sorte, de votre éthique de non-diffamation d’autrui, de non-appel au mépris ?
Mais encore, page 10 : « Israël se comporte de manière barbare. » Et le Hezbollah ? Combien de soldats a-t-il tués ? Et quels dégâts a-t-il faits en bombardant le nord d’Israël ?
In fine, page 13, Patrick Seale écrit que le Hamas et le Hezbollah ne sont pas des « terroristes ». Il les innocente ipso facto de leurs attentats et accuse indirectement l’Europe et tous ceux qui, à juste titre, les nomment « terroristes » puisqu’ils tuent des civils israéliens. Non, nous dit-il, ils expriment le désir de « leurs communautés respectives », « leur désir d’être libérés de la présence d’Israël ».
Je conclurai personnellement en écrivant que Patrick Seale lui-même pourrait bien un jour s’apercevoir que le Hamas et le Hezbollah ne sont pas les amis qu’il pensait être
Hermine Leboutte Christ, chercheuse indépendante, Bruxelles, Belgique

Afrique dépotoir
– L’image de manifestants protestant à Abidjan contre le déversement de déchets toxiques dans plusieurs décharges de cette ville (J.A. n° 2383, page 37) me révolte à plus d’un titre. Comment l’Afrique, qui fut le berceau de l’humanité, le « pourvoyeur » de bras et de matières premières de plusieurs grandes puissances de ce monde (suivez mon regard !), peut-elle être remerciée de la sorte ? À défaut d’accorder des visas, des cartes de séjour ou des permis de travail aux jeunes Africains qui, de Bamako à Nairobi ou de Tunis au Cap, fuient la misère chronique qui n’est rien d’autre que la résultante de la traite négrière, de la décolonisation et de la dévaluation fantaisiste de nos monnaies, il faut que les maîtres à penser de ce monde évitent de voir en notre Afrique leur dépotoir. Nous avons déjà trop souffert.
Au lieu de nous envoyer des déchets toxiques en sachant que nous n’arrivons même pas à faire face au paludisme, écourtez plutôt nos souffrances en mettant en place des politiques et des moyens adéquats qui nous permettront d’aspirer au développement durable auquel on fait toujours allusion dans les salles de conférences de ce monde « globalisé ».
Dagnogo Bakary, Soubré, Côte d’Ivoire

Liban : que fait le TPI ?
– Les militaires israéliens, Olmert et son gouvernement vont-ils s’en tirer comme ça après leurs agissements au Liban, sans le moindre blâme de la communauté internationale ? Le Liban a été dévasté, anéanti, son peuple massacré et appauvri avec acharnement, et Olmert ne serait pas inquiété le moins du monde ? Comment ce monsieur arrive-t-il à fermer l’il alors que des milliers de mômes libanais ont été la cible de ses avions et de ses bombes ? Que fait le Tribunal pénal international ? Que font l’ONU et les autres instances internationales compétentes pour juger ce genre d’affaires criminelles ?
Yasmine Mâammar, Ghardimaou, Tunisie

la suite après cette publicité

Démocratie : bons et mauvais élèves
– Pourquoi ne consacreriez-vous pas un dossier à l’état actuel de la démocratie en Afrique ? Dans beaucoup de pays, celle-ci est soumise au bon vouloir des chefs d’État : on y constate régulièrement des élections douteuses, des modifications de Constitution permettant aux dirigeants de se maintenir au pouvoir. C’est, entre autres, le cas du Burkina, du Togo, du Tchad, de la Gambie, du Gabon, voire des pays d’Afrique du Nord. À côté, il existe quand même des pays qui font des efforts pour l’émergence d’une véritable démocratie : le Bénin, le Mali, le Ghana, l’Afrique du Sud, le Cap-Vert, le Sénégal et bientôt la Mauritanie méritent d’être encouragés.
Moussa Ndour, Tambacounda, Sénégal

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires