Un arbuste guyanais contre le « palu »

Publié le 24 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Alors que 2 milliards de personnes sont exposées au paludisme dans le monde, qu’un demi-milliard le contracte et qu’entre 1 à 2,7 millions en meurent chaque année, les traitements médicamenteux classiques sont à la peine, notamment à cause de l’apparition chez les malades de résistance à la chloroquine et de ses dérivés, l’antipaludique le moins cher et le plus utilisé. En Guyane, où on enregistre chaque année environ 5 000 cas d’impaludés, toutes les souches du parasite sanguin Plasmodium falciparum sont devenues résistantes depuis 1990. Aussi médecins et pharmacologues sont-ils à la recherche de traitements alternatifs, afin de contrer l’action de l’hématozoaire.

Dans bien des pays et bien des cultures, les remèdes traditionnels semblent faire leurs preuves. Aussi, « à la suite d’une enquête sur le terrain, une équipe d’ethnopharmacologues de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a récemment identifié 36 recettes antipaludiques que les Indiens de la forêt amazonienne préparent pour se prémunir ou se soigner », explique Valérie Jullian, chimiste au Laboratoire de pharmacochimie des substances naturelles (IRD, université Paul-Sabatier, Muséum national d’histoire naturelle) à Toulouse. La plupart des préparations sont des décoctions aqueuses, quelques-unes étant des macérations alcooliques. À la suite d’une batterie de tests d’activité toxique, à la fois in vitro et in vivo, deux plantes sont restées en lice, dont Quassia amara, un petit arbuste aux belles fleurs rouges, connu localement sous le nom de quinquina de Cayenne, à cause de son goût amer et de son utilisation contre les fièvres. Sa feuille, du moins la feuille jeune et fraîche, contient un principe actif, la simalikalactone D, une molécule déjà identifiée dans d’autres plantes, qui possède une bonne activité biologique, comparable à l’artémisinine, un des antipaludiques les plus puissants. En outre, les biologistes du CNRS ont confirmé l’activité toxique de la simalikalactone contre des lignées de cellules cancéreuses et sa neutralité vis-à-vis des cellules saines.

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Des études sont en cours pour préciser la possibilité de l’utiliser comme antimalarique et comme anticancéreux. Quant aux feuilles matures et sèches, elles posent une énigme : si elles possèdent bien une activité antipaludique, les chercheurs n’y ont pas trouvé de simalikalactone. « Nous sommes encore loin du médicament, explique Valérie Jullian. Mais cette découverte ouvre de nouvelles pistes et vise à valider des médicaments traditionnels, plus accessibles aux populations. »

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