Ralentissement européen
Au premier semestre 2006, les grands constructeurs ont vu leurs ventes sur le Vieux Continent sinon baisser, du moins stagner.
L’industrie automobile du Vieux Continent se porte décidément mal. Le 8 septembre, la direction de Volkswagen (VW), quatrième constructeur mondial et numéro un européen, a entamé de difficiles négociations avec les syndicats. Objectif : faire accepter aux salariés allemands de travailler davantage – de 28,8 heures à 35 heures hebdomadaires – sans contrepartie financière. Sacrifier la semaine de quatre jours, insistent les dirigeants, est vital pour enrayer la baisse de la rentabilité de la maison.
La crise que traverse VW touche la plupart de ses concurrents européens. D’après l’Association des constructeurs européens d’automobiles (Acea), Peugeot Citroën (PSA) et Renault Dacia ont vu, entre janvier et août 2006, leurs ventes en Europe reculer respectivement de 3,2 % et 9,6 % par rapport à la même période en 2005. BMW ne connaît pas de déclin, mais sa progression est mince : + 0,4 %. Seul Fiat est bien loti, avec une hausse de 18,9 %. La prouesse du groupe italien est cependant à nuancer : après plusieurs années de crise et de valse des dirigeants, il revient de loin. Sur les huit premiers mois de 2005, ses ventes avaient diminué de 13,2 % par rapport à la même période en 2004.
Comment expliquer cet essoufflement ? Globalement, le marché est atone. Tous constructeurs confondus – de PSA à Toyota en passant par General Motors (GM) et DaimlerChrysler -, les ventes en Europe ont quasiment stagné entre janvier et août 2006 : + 0,4 % seulement par rapport aux sept premiers mois de 2005. Un an auparavant, la progression était également ténue : + 0,2 %. Entre augmentation du prix de l’essence et flambée de l’immobilier, explique une spécialiste du secteur, les consommateurs font des arbitrages. Saturé, le marché fonctionne selon le principe des vases communicants : les seuls véritables mouvements observés sont des transferts de parts d’un professionnel à l’autre. Entre janvier et août 2006, la part de marché de VW en Europe a augmenté de 0,4 point, de 21,9 % à 22,3 %, tandis que celles de Renault Dacia et de PSA sont respectivement passées de 8,9 % à 8 % et de 13,6 % à 13,3 %. Mais, depuis 2003, le classement des constructeurs européens en fonction des immatriculations reste dominé par le trio VW, PSA et Renault Dacia.
La conjoncture n’est pas la seule explication. Toyota a bien réussi, lui, à porter sa part de marché en Europe de 5,5 % à 6,3 % entre janvier et août 2006. En fait, VW, Renault, PSA et consorts ont choisi de miser sur la sophistication. Or les petits gadgets – une voiture sans clé – sont certes attrayants, mais nettement plus faillibles que la bonne vieille mécanique. Des pannes à répétition, avec leur lot de tracasseries pour les consommateurs, ont passablement écorné leur image. Le marché étant morne, c’est par des stratégies de long terme et non par de menus changements que les constructeurs européens pourront fidéliser et gagner des consommateurs. Un souci partagé par l’industrie américaine : le 15 septembre, Ford annonçait la suppression d’ici à 2008 de 38 000 postes sur un total de 130 000.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Pour la première fois, Mahamadou Issoufou condamne le coup d’État du général Tiani
- Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan
- Au Niger, Abdourahamane Tiani et la stratégie assumée de l’« anti-France »
- M23 en RDC : cinq questions pour comprendre pourquoi le conflit s’enlise