Pas de soldats occidentaux au Darfour !

Publié le 24 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Le dernier appel en date pour l’envoi de Casques bleus au Darfour laisse perplexe. À la tribune du Conseil de sécurité des Nations unis, l’acteur américain George Clooney a plaidé pour que l’ONU passe enfin à l’action. Profitant de l’occasion, Tony Blair a adressé un courrier à ses homologues de l’Union européenne (UE). Enfin, dans plusieurs villes de la planète, des manifestants ont organisé une « journée internationale d’action pour le Darfour », s’inquiétant d’un éventuel génocide. Mais est-il possible que les gouvernements occidentaux, passablement échaudés par leurs interventions en Irak et en Afghanistan, acceptent de se lancer à nouveau dans une opération militaire dirigée contre un État musulman ?
Dans la plupart des guerres, ce sont les dirigeants qui perdent la tête, et les médias (quelquefois, en tout cas) qui s’enquièrent de la vérité. Dans la crise du Darfour, la tendance s’est inversée. Alors que les médias ont perdu la raison, les gouvernements se sont montrés plus subtils. Malgré de multiples tentatives pour assimiler les massacres dans la région à un génocide, ni l’ONU ni l’UE n’ont cédé à cette vision des choses.

L’envoi d’une force internationale de paix au Darfour pour protéger les réfugiés des camps était indispensable. L’Union africaine (UA) a ainsi déployé 7 000 soldats il y a deux ans. Mais à cours d’argent, d’hélicoptères et de matériel, elle s’est rapprochée des vues occidentales en début d’année et s’est résolue à voir l’ONU prendre la relève. C’est à ce stade que le débat est aujourd’hui arrêté. À vrai dire, personne n’envisage réellement l’envoi de troupes européennes ou américaines au Soudan : il a fallu des semaines pour échafauder une force onusienne au Liban, tandis que la plupart des membres de l’Otan se sont bien gardés d’envoyer des soldats en Afghanistan, dans une guerre perdue d’avance. Dans la pratique enfin, une force des Nations unies ne ferait qu’adjoindre quelques renforts à la force de l’UA actuellement sur place, probablement en provenance d’Inde et du Bangladesh.

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Derrière les appels pour une intervention des Casques bleus, c’est donc d’un changement d’écusson dont il est surtout question. Est-ce la solution ? Une force africaine pour résoudre un problème africain possède pourtant une valeur symbolique, culturelle et politique très forte… Problème : les gouvernements du continent sont ultrasollicités, alors que les Nations unies ont un système bien installé de subvention de leurs soldats et de soutien à leurs gouvernements.
Quoi qu’il en soit, aucun faiseur de paix étranger ne peut réellement contrôler le vaste territoire du Darfour. Il n’en demeure pas moins que le compromis représenté par le déploiement d’une importante force de l’UA, sous la bannière de l’ONU ou non, reste la meilleure des solutions. Le régiment des bien-pensants affirmant qu’« il faut absolument faire quelque chose » sera certes mécontent, mais envoyer des troupes étrangères au Soudan sans le consentement de Khartoum se solderait forcément par un désastre.

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