L’enfer, ici, maintenant
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Pour le monde du Nord, l’été est la saison de prédilection. Celle des congés payés, des vacances en Grèce ou au Mexique, à faire du surf ou ne rien faire. Pour les Algériens, par contre, c’est la saison maudite. Celle des coupures de courant, des pénuries d’eau, des grosses chaleurs de l’enfer et des pics de pollution, des maladies à transmission hydrique, des émigrés arrogants, des moustiques voraces et des cafards de cuisine qui pullulent dans les salons. Hier encore, dix personnes sont mortes de la chaleur à Adrar, bien loin des plages méditerranéennes prisées par le reste du monde en cette période.
À ces morts il faut ajouter bien sûr les détenus des manifestations de colère cause chaleur, les morts par suicide cause désespoir et les nourrissons cause déshydratation. De fait, en Algérie, à part quelques privilégiés qui ont leurs entrées dans les clubs de la Côte et les moyens de s’entretenir, personne n’attend cette saison avec impatience. Le reste de l’année n’est pas mieux, diront les pessimistes invétérés. Ce qui n’est pas entièrement faux si l’on regarde le calendrier avec le mauvais oeil : l’automne est la saison des dépenses supplémentaires et des séismes, l’hiver la saison du froid où le gaz butane est introuvable ou trop cher, le printemps celle des inondations, et l’été, donc, la saison qui brûle, celle de l’enfer.
Entre ces quatre saisons, semblables aux quatre cavaliers de l’Apocalypse, où et quand fait-il bon vivre ? Partout, ici, tout le temps. Avec peu de moyens, une bonne dose de patience et du grand recul historique, un manuel de cosmologie et un traité de métaphysique, de l’ouverture d’esprit XXL et de la sagesse zen en cartes rechargeables. Le dalaï-lama se plairait en Algérie.
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