Diplomatie compassionnelle

Publié le 24 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Pendant deux jours, les 19 et 20 juillet, le roi du Maroc Mohammed VI a parcouru, de Niamey à Maradi, un Niger au bord de l’inanition. Une visite de diplomatie compassionnelle, dans la ligne de ce que pratique volontiers la coopération marocaine au sud du Sahara, et qui avait un mérite évident : celui d’être la première effectuée par un chef d’État étranger depuis que le gouvernement de Mamadou Tandja a tardivement lancé, fin 2004, un appel à l’aide internationale. Sans qu’on y prenne garde, une situation de disette sévère – parfois de famine, notamment autour de Maradi où l’armée marocaine a installé un hôpital de campagne – s’est peu à peu installée au Niger où elle frappe 3,5 millions d’habitants, soit le tiers de la population.
Aujourd’hui, le Mali voisin est lui aussi touché : plus de 1 million de personnes y connaissent une période de « soudure » extrêmement délicate.
Constatée en maints autres lieux, la lenteur de la communauté internationale à se mobiliser est, au Niger, particulièrement inquiétante. Depuis le début de l’année 2005, seulement 20 millions d’euros au total ont été débloqués par une poignée de donateurs, dont l’Union européenne, l’ONU et la France. La Libye du colonel Kadhafi, si prompte à inciter les Africains à ne pas mendier l’aide de l’Occident, s’est contentée de quelques subsides alimentaires. Quant au richissime émirat du Qatar, dont les cheikhs viennent volontiers chasser l’outarde au Niger, il a fait un premier geste dont il vaut sans doute mieux sourire : 60 000 euros…
En envoyant une soixantaine de médecins et d’infirmiers dans l’épicentre de la disette et en se rendant sur place, Mohammed VI a donc plus fait pour aider les Nigériens que la quasi-totalité des pays du monde musulman.

Mais, face à l’infernale combinaison de la sécheresse et des acridiens, le défi paraît démesuré. Au Niger, l’espérance de vie est de 43 ans et où le PNB par habitant est l’un des plus faibles du continent, le taux de mortalité infantile bat des records : 153 pour mille. Autre chiffre choc : l’indice de fécondité y est le plus élevé au monde – huit enfants par femme. Résultat : la moitié des quelque 1,6 million de Nigériens considérés par l’ONU comme étant dans un « état critique » a moins de 15 ans. Un centième de l’argent versé pour les victimes asiatiques du tsunami permettrait pourtant au Niger, mais aussi à toute la région, de passer ce cap difficile. Las : en termes d’intérêt géopolitique et d’attrait médiatique, le Sahel est largement surclassé par l’Asie du Sud-Est. Le charity business, c’est d’abord et avant tout du business…

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