Minorités invisibles

Publié le 24 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Jamais législatives n’auront vu autant de candidats issus des « minorités visibles » investis par les partis de gauche comme de droite : 17 au PS, 15 à l’UMP, 28 au MoDem et plus de 70 au PCF. Mais cette première tentative de métissage du Palais-Bourbon a été un flop total dont les enseignements restent à tirer. Les candidats malheureux de la « diversité » sont unanimes à écarter l’hypothèse raciste comme cause de leur échec collectif. Les raisons de leur défaite sont plutôt à rechercher au sein même des états-majors de leurs partis respectifs.
Au PS, une dizaine de circonscriptions « gagnables » ont été « réservées » aux candidats issus de l’immigration. Or le « parachutage » est une pratique généralement sanctionnée par l’électorat, quelles que soient les origines du candidat, comme en témoigne le revers d’Arno Klarsfeld, non issu de la diversité mais imposé dans le 12e arrondissement de Paris par Sarkozy. Dans la plupart des cas, les électeurs ont préféré apporter leurs suffrages à ceux qui cheminent à leurs côtés à longueur d’année plutôt qu’à des personnalités médiatiques imposées par les appareils politiques. Une règle qu’ont pu vérifier à leurs dépens le champion olympique de judo Djamel Bourras, désigné par le MoDem dans la 2e circonscription de Saint-Denis, qui n’a recueilli que 9,57 % des suffrages, ou le secrétaire national du Mrap, Mouloud Aounit, candidat sans étiquette, qui n’a réuni sur son nom que 3,24 % des voix dans la 3e circonscription de Saint-Denis.
Par ailleurs, plusieurs « candidats de la diversité » ont dû se mesurer à des adversaires issus de leur camp refusant de céder leur place, et suscitant la confusion dans l’esprit des électeurs. Dans certaines circonscriptions, les candidats désignés par le parti ont été laminés par les dissidents, comme, à gauche, Malek Boutih en Charente ou, à droite, Fathia Rahoui dans le Nord. Exception qui confirme la règle : la socialiste George Pau-Langevin, seule candidate de la diversité qui siégera au Palais-Bourbon lors de la prochaine législature, a arraché la 21e circonscription de Paris au dissident Michel Charzat, député sortant.
D’autres candidats battus n’étaient ni « parachutés » ni opposés à un dissident. C’est le cas de Salem Kacet, investi par l’UMP avec la bénédiction du député sortant, Gérard Vignoble, à Roubaix. Élu local depuis 1989 dans une ville qui compte 9 000 Rmistes, Kacet, s’il a réussi à séduire en zone pavillonnaire, n’a pas convaincu dans les quartiers de la très métissée Roubaix.
D’autres, tels Faouzi Lamdaoui à Argenteuil, ont dû faire face à l’hostilité des tenants d’une certaine « droite décomplexée » qui n’ont pas hésité à maculer leurs affiches d’inscriptions racistes. Plus intenable encore était la situation des candidats de l’UMP pris entre deux feux : celui de la gauche et celui des Français issus de l’immigration qui n’ont pas digéré le nettoyage au Kärcher promis par Sarkozy. En attendant les municipales de 2008, qui dessineront peut-être de nouvelles tendances, le visage « Black-Blanc-Beur » de la France continue de n’être façonné qu’à coups de nominations présidentielles

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