Fadela Amara, l’insoumise
Publié le 24 juin 2007 Lecture : 1 minute.
Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) tient sa nomination au poste de secrétaire d’État à la Politique de la ville pour une « trahison ». Pourtant, ceux qui connaissent Fadela Amara, de son vrai prénom Fatiha, ne sont qu’à moitié surpris de son ralliement à la majorité. Tant le parcours de cet énergique bout de femme de 43 ans est empreint de liberté et d’indépendance à l’égard de l’ordre moral, religieux et partisan.
Fille d’un ouvrier algérien du bâtiment, Fadela naît dans une cité de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) au sein d’une fratrie de dix enfants. À 14 ans, elle voit des policiers prendre la défense du chauffard qui avait mortellement blessé son frère. Un traumatisme au fondement de l’engagement militant d’une jeune fille au caractère déjà bien trempé. Quelques années plus tard, Fadela tombe dans le chaudron de la politique. En 1983, elle participe à la marche des Beurs et milite à SOS-Racisme. En 2001, elle est élue socialiste au conseil municipal de Clermont-Ferrand, mais elle n’y mettra jamais les pieds. Au printemps 2002, elle réunit 250 femmes à la Sorbonne, à l’occasion des états généraux des femmes des quartiers. Admiratrice de Martin Luther King et de Gandhi, elle veut interpeller l’opinion publique et forcer le gouvernement à agir sur la question des violences faites aux femmes. En 2003, elle crée le mouvement Ni putes ni soumises pour défendre la mixité et l’égalité des sexes. Elle pourfend le machisme et dénonce le voile, « symbole d’humiliation ».
Personnage controversé dans certains quartiers sensibles, on lui reproche son discours « sans nuances » et de nature à stigmatiser les musulmans. Au ministère du Logement et de la Ville, on observera l’évolution du tandem improbable que la Pasionaria de la laïcité va constituer avec la très catholique Christine Boutin, militante anti-avortement et « consulteur » du Conseil pontifical de la famille du Vatican.
