Au temps des radios-clubs

Guy Robert raconte son expérience de la coopération radiophonique en Afrique.

Publié le 24 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Avec un titre quelque peu ambigu, Le Vent qui souffle dans la boîte, Guy Robert, ancien cadre de production de RFI, vice-président du Comité d’histoire de la radiodiffusion, donne immédiatement la couleur de son témoignage teinté à la fois d’humour, de critique acérée du petit monde français expatrié qu’il va côtoyer pendant près de seize années et de cette inévitable nostalgie qui gagne ceux qui ont aimé travailler en Afrique « avec les Africains ».
Ce vent, c’est la parole qui sort du transistor – la boîte – et qui suscite cette expression imagée chez un paysan haoussa. Mais le paysan ne savait-il pas, intuitivement, que ces boîtes bavardes qui venaient inonder son village d’idées venues d’un autre continent étaient porteuses de bouleversements pour un univers traditionnel dont les jeunes générations commençaient à se détourner ?
Parallèlement, une autre signification se dégage de ce titre, qui ne peut échapper à tous ceux qui ont tâté de la radio, qui est cette sensation terrible de vacuité, car les paroles s’envolent, seuls les écrits restent Guy Robert se dit conscient d’avoir vécu intensément en ce début des années 1960 un moment fort de la relation entre les pays d’Afrique et la France : « L’ère coloniale expirait, les années de plomb, de délires et de sang que connaîtra l’Afrique ne se devinaient pas. [] Une Afrique radieuse allait émerger, fraternellement soutenue par une métropole guérie de ses miasmes coloniaux. »
L’auteur ironise sur sa candeur de jeune homme et revisite ses diverses expériences de directeur des programmes dépêché auprès des directeurs de la radio du Tchad, du Niger, du Dahomey, du Zaïre et du Gabon, par la Sorafom (Société de radiodiffusion de la France d’Outremer) créée à la veille des indépendances africaines par Pierre Shaeffer. Sorti tout droit du studio-école de Maisons-Laffitte, Guy Robert, convaincu de l’urgence de sa mission – produire en Afrique des émissions adaptées aux paysans -, découvre rapidement, une fois livré à lui-même, les limites de la formation qu’il a reçue avant de partir en mission. Sous son impulsion cependant et après une étude du terrain très détaillée, un programme novateur de radios-clubs piloté par Radio Niger naîtra en 1962, véritable ancêtre des radios communautaires africaines sur lesquelles reposent aujourd’hui quantité de projets d’éducation à la santé ou au développement agricole.
« De jeunes communicateurs aux pieds nus, munis d’un bagage théorique élémentaire que la pratique fortifierait, allaient constituer l’avant-garde d’une cohorte qui s’étoffera et se renouvellera partiellement d’année en année. » Au plus fort du déploiement de ce programme, soixante-douze radios-clubs quadrilleront le Niger. Le président Diori ira jusqu’à déclarer qu’il suit régulièrement les émissions des radios-clubs, car elles lui révèlent des informations et des opinions dont ne l’instruisent pas nécessairement ses ministres ou l’appareil politique.

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