Tournante ou pas tournante ?

Publié le 24 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

« La présidence tournante de l’Union constitue […] la pierre angulaire de nos institutions. […] Notre parti, la CRC, continue à totalement adhérer à l’esprit de la tournante et soutient la nécessité de son application lors de la prochaine échéance présidentielle de 2006. » Cette mise au point, faite le 17 avril à l’issue du conseil national élargi de la CRC (Convention pour le renouveau des Comores), formation pivot de la majorité présidentielle, a le mérite de la clarté. Contribuera-t-elle à éteindre la polémique née des déclarations ambiguës du ministre Houmed Msaïdié ? Celui-ci avait laissé entendre, trois jours plus tôt, que rien ne s’opposait à ce que le président Azali Assoumani, élu en 2002, rempile pour quatre ans en 2006.
En réalité, les choses sont moins simples qu’il n’y paraît. L’article 13 de la Constitution, relatif à la présidence de l’Union, est rédigé de façon tellement équivoque qu’il peut donner lieu à deux interprétations contradictoires. Il dispose en effet que la présidence est « tournante entre les îles de l’archipel », c’est-à-dire qu’elle doit passer de la Grande Comore (Ngazidja) à Anjouan, puis à Mohéli, avant de revenir à un originaire de la Grande Comore, et ainsi de suite. Mais il précise aussi que le mandat de quatre ans est « renouvelable ». La plupart des juristes considèrent que cette précision autorise seulement un président originaire d’une île à se porter à nouveau candidat une fois son tour revenu, c’est-à-dire huit ans après l’expiration de son mandat, mais sûrement pas à briguer sa propre succession. C’est ainsi en tout cas que la Constitution a été présentée à l’opinion…

Minées par le séparatisme anjouanais, les Comores ont connu sept années de crise politique et institutionnelle, entre 1997 et 2003. La nouvelle architecture institutionnelle dessinée par la Constitution de décembre 2001 s’est révélée, à l’usage, complexe et coûteuse. Mais la notion de présidence tournante est son socle, et toute remise en question mettrait le feu aux poudres. En l’état actuel des rapports de force politiques, l’opposition, majoritaire à l’Assemblée de l’Union (seule habilitée à voter les lois organiques), ne le permettrait pas. Le président Azali, lui, s’est tenu à l’écart du débat. Il serait partisan d’une sortie honorable et légale en 2006. Msaïdié, ainsi qu’Abdou Soefo, le président de la CRC, camperaient sur cette même ligne. Mais d’autres, au sein de la CRC et de la mouvance présidentielle, seraient nettement plus réticents. Ils préféreraient voir la présidence rester entre les mains d’un habitant de Ngazidja (donc d’Azali) après 2006. Car, selon eux, le pouvoir anjouanais de Mohamed Bacar pratique le séparatisme larvé. Il est vrai que l’exécutif d’Anjouan ne s’est pas privé d’empiéter sur les prérogatives de l’État central. Et a même parfois refusé de faire flotter le drapeau de l’Union sur les bâtiments publics. Décidément, l’élection de 2006 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

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