La production de drogues prend racine en Afrique de l’Ouest

Des laboratoires de méthamphétamines ont été trouvés en Afrique de l’Ouest alors que la région, connue pour son rôle de plaque tournante du trafic de cocaïne et d’héroïne, est en train de devenir un lieu de production.

Un kilo de méthamphétamines se négocie pour 200 000 dollars à Tokyo. © DEA

Un kilo de méthamphétamines se négocie pour 200 000 dollars à Tokyo. © DEA

Publié le 21 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Les criminels ouest-africains utilisent depuis longtemps la région pour faire transiter des drogues illicites telles que la cocaïne et l’héroïne. Les Nations unies affirment qu’ils ont commencé à produire des drogues destinées à l’exportation vers l’Asie et l’Afrique du Sud. « La région est en train de devenir un lieu de production alors qu’elle n’était jusqu’alors qu’un lieu de transit et de consommation », a expliqué Pierre Lapaque, représentant régional du bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime, interviewé par Bloomberg Businessweek. « Des criminels nigérians n’ont pas été long à identifier la production de méthamphétamine comme une niche commerciale. »

On estime qu’environ 47 tonnes de cocaïne ont transité par l’Afrique de l’Ouest en 2007. Avec l’amélioration de l’application des lois, le trafic a chuté, mais, dans le même temps, la production de méthamphétamines a augmenté, selon l’ONU. La présence accrue de drogue dans la région ne pourra manquer de conduire à des taux plus élevés de toxicomanie, relève l’ONU, ce qui aura pour effet de mettre la pression sur des systèmes de santé et des tribunaux déjà très sollicités.

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Les méthamphétamine peuvent être très facilement produites dans des laboratoires locaux. Trois laboratoires à grande échelle ont ainsi été trouvés près de Lagos, la capitale commerciale du Nigeria et la deuxième plus grande ville d’Afrique, a expliqué Pierre Lapaque. Les Nigérians s’appuient sur la diaspora nationale, présente dans le monde entier.

Exportations vers l’Asie

Pour l’instant, le risque d’être pris avec ces drogues en Afrique de l’Ouest est minime, car de nombreux agents des douanes n’ont jamais vu de méthamphétamines. Les produits chimiques utilisés pour fabriquer cette drogue sont mal contrôlés par les États de la région, ce qui les rend facilement accessibles. L’ONU estime ainsi que pas moins de 3 000 kg de cette drogue auraient pu être exportés vers l’Asie en 2010. Il faut compter 200 000 dollars par kilogramme de méthamphétamine à Tokyo. Le coût de production du même kilogramme en Afrique de l’Ouest ne serait qu’un dixième de cette somme, soit 20 000 dollars.

Les producteurs africains sont susceptibles de faire face  à la concurrence des fabricants asiatiques de méthamphétamines, ce qui aurait pour effet de les inciter à écouler leur marchandise sur les marchés locaux. L’émergence de l’Afrique de l’Ouest en tant que producteur a correspondu à une baisse du nombre de laboratoires de production au Cap, en Afrique du Sud, depuis 2008. Mais Pierre Lapaque prévient : « Tant que la mauvaise gouvernance et la faiblesse de la loi prévalent, tant que vous pouvez payer pour sortir de prison et trouver des gens pour vous aider moyennant quelques dollars, il n’y a aucune raison valable pour que cela s’arrête. »

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(Avec Bloomberg Businessweek)

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