Le retour des valeurs sûres

Publié le 24 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Le menu du Festival de Cannes 2005 (11-22 mai) est désormais pour l’essentiel connu. L’édition 2004 avait été marquée par un retour en force du documentaire et plus généralement des sujets politiques, comme l’atteste la Palme d’or attribuée à Fahrenheit 9/11, de Michael Moore. Une attention particulière avait été accordée par ailleurs aux oeuvres de réalisateurs relativement peu connus. À première vue, c’est exactement le contraire cette année : les vingt films qui concourront pour la récompense suprême, tous des fictions, ont le plus souvent pour auteurs des cinéastes consacrés.
La liste des heureux élus est à cet égard édifiante. On y retrouve une majorité de « grandes pointures » de ce cinéma d’auteur qu’entend défendre le festival : les Américains Gus Van Sant (avec Last Days, évoquant les derniers jours d’un chanteur grunge rappelant Kurt Cobain) et Jim Jarmusch (Broken Flowers), le Danois Lars von Trier (Manderlay, suite du remarquable Dogville), les Canadiens David Cronenberg (A History of Violence) et Atom Egoyan (Where the Truth Lies), l’Autrichien Michael Haneke (Caché), les Belges Jean-Pierre et Luc Dardenne (L’Enfant), les Chinois de Taiwan et de Hong Kong Hou Hsiao-hsien (The Best of our Times) et Johnny To (Election), l’Allemand Wim Wenders (Don’t Come Knocking), etc. La présence hors compétition de Woody Allen (Match Point) ou de George Lucas (pour l’ultime épisode de La Guerre des étoiles) vient encore renforcer cette impression d’un cru 2005 faisant la place belle aux valeurs sûres.
La sélection officielle non compétitive, qui regroupe deux douzaines de films sous le label « Un certain regard », devrait permettre, de faire découvrir de nouveaux cinéastes de tous horizons puisqu’elle comprend un très grand nombre de premiers films. Tout comme la programmation de la manifestation parallèle « La Semaine de la critique » et, sans doute, celle de « La Quinzaine des réalisateurs », encore en gestation.

D’un point de vue régional, on remarque, là encore, que ce sont les productions des continents qui ont le vent en poupe depuis déjà quelques années qui se taillent la part du lion. Ainsi, du côté du Sud, l’Asie, à commencer par la Chine, et, dans une moindre mesure, l’Amérique latine sont les mieux représentées. Et l’Afrique ? Hélas ! pour la huitième année consécutive, elle sera totalement absente de la compétition pour la Palme d’or. Son seul représentant sera, dans « Un certain regard », le film du Burkinabè S. Pierre Yaméogo Delwende (Lève-toi et marche), qui, paradoxalement, n’avait pas été sélectionné pour concourir au dernier Fespaco à Ouagadougou.
On entendra pourtant parler abondamment du cinéma africain à Cannes grâce à divers événements – en particulier un colloque sur l’esthétique dans les films du continent – qui viendront célébrer les cinquante ans de cette cinématographie qu’on dit née en 1955. Grâce aussi à une nouvelle manifestation – « Tous les cinémas du monde » – qui présentera un éventail de la production cinématographique de sept pays, dont le Maroc et l’Afrique du Sud. Grâce enfin, et surtout, à divers hommages qui seront rendus à l’« aîné des anciens », l’octogénaire et toujours vert Sembène Ousmane, qui aura l’honneur de donner la célèbre « leçon de cinéma » du festival. Après – excusez du peu ! – des « collègues » comme Abbas Kiarostami, Wim Wenders, Wong Kar-wai, Youssef Chahine ou Nanni Moretti.

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