Farès Souaid

Député indépendant libanais

Publié le 24 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Farès Souaid, député (indépendant) de Jbeil, l’antique Byblos, à 40 kilomètres au nord de Beyrouth, fait entendre sa voix sur toutes les tribunes de « l’opposition » depuis les premières heures du « Printemps libanais ». Médecin au service des plus démunis, membre du groupe chrétien du Kornet Chehwane, qui milite pour l’union avec les musulmans, il incarne pour beaucoup de ses compatriotes l’espoir d’une politique nouvelle conduite par des hommes nouveaux.

Jeune Afrique/l’intelligent : Le nouveau Premier ministre Najib Miqati a réussi à former son gouvernement en quatre jours à peine, alors que Omar Karamé, contraint de démissionner pour la seconde fois, n’y est pas parvenu pendant plus d’un mois. Faut-il voir là une première victoire de l’opposition ?
Farès Souaid : Oui et non. Il est vrai que ce gouvernement ne répond pas totalement aux aspirations des Libanais. Nous l’aurions sans doute souhaité différent. Mais là n’est pas la question : ce qui était fondamental, c’était de fixer l’échéance électorale au mois de mai prochain et de s’y tenir, comme on va maintenant pouvoir le faire grâce à l’existence de ce gouvernement. Contrairement aux loyalistes, qui ont « joué la montre » pour retarder les élections dans l’attente de divisions qui viendraient affaiblir l’opposition, nous avons toujours été partisans de respecter les délais constitutionnels dans l’alternance du pouvoir. On ne fera donc pas la fine bouche…

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J.A.I. : L’opposition fera-t-elle campagne dans l’unité ?
F.S. : Je l’espère. Cela dit, il ne faut pas oublier que, dès le départ, on l’a qualifiée « d’opposition plurielle », sans vouloir dissimuler qu’il s’agissait, à l’évidence, d’une coalition. Nous y avons sauvegardé le plus important, à savoir une unité totale sur les principes comme la souveraineté nationale, le retrait des Syriens, etc. Pour le reste, c’est-à-dire ce qui concerne notre tactique, nous avons bien sûr à gérer entre nous des divergences. Nous discutons, nous réfléchissons ensemble et nous faisons des compromis. Ainsi Walid Joumblatt, qui avait d’abord demandé le départ du président de la République Émile Lahoud, a-t-il renoncé à cette exigence. En contrepartie, nous avons, de notre côté, accepté la nomination de Najib Miqati, qui n’était certes pas notre candidat… Idem pour nos rapports avec le gouvernement : Joumblatt voulait y participer, contrairement au reste de l’opposition. Nous avons, aussi, trouvé un modus vivendi, avec un mode de participation indirecte sur lequel nous nous sommes mis d’accord.

J.A.I. : Irez-vous jusqu’à constituer un « Front uni » de l’opposition qui accorderait son investiture à des candidats uniques ?
F.S. : Pourquoi pas un « Mouvement du 14 mars », en souvenir de ce jour où plus de 1 million de Libanais sont descendus dans la rue ? En tout cas, j’y suis favorable. Mais il y a une ou deux choses que l’on ne doit pas perdre de vue. D’abord, il est essentiel que nous nous retrouvions sur ce qui fonde toute notre action : notre volonté commune d’un État de droit, la défense de nos acquis, comme l’indépendance que nous avons conquise et l’unité islamo-chrétienne que nous revendiquons, et aussi la naissance de cette opinion publique, dans la rue, dans la presse, qui confère au Liban un statut singulier au sein du monde arabe. Mais il faut comprendre aussi que ce qui nous définit n’est plus l’appartenance à une opposition à proprement parler : la majorité loyaliste a éclaté avec le retrait des troupes syriennes, elle s’est dispersée. Nous ne faisons donc plus fonction d’opposition, mais nous sommes désormais en charge de l’avenir du Liban.

J.A.I. : On peut donc bien parler d’une « sortie de crise » ?
F.S. : La crise n’existe pas. Une seule chose compte : la perspective des élections, cette nouvelle étape qui nous rassemble tous. Et notre volonté de vaincre les « clanistes ».

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