Au nom du Père, du Fils… et de tout le saint-frusquin

Publié le 24 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

« Nul ne peut servir deux maîtres. Ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent », rappelle l’Évangile selon saint Matthieu (VI, 24). L’Église a toujours entretenu des rapports ambigus avec le « saint-frusquin », Jésus-Christ cherchant à nous arracher à la servitude d’un métal jaune insensible et inanimé qui nous rendrait esclave. Toujours est-il que les anciens patriarches, d’Abraham à Job, faisaient usage de leurs richesses pour répandre l’éclat de leur foi et de leur vertu. Aujourd’hui encore, l’Église catholique, qui possède de nombreux biens (le patrimoine du Saint-Siège s’élèverait à 700 millions d’euros sans prendre en compte les objets d’art) et accumule annuellement de juteuses recettes (55 millions d’euros pour le seul denier de saint Pierre, l’obole de tous les croyants du monde), gère un budget faramineux destiné à financer son fonctionnement et ses actions. Au total, le Vatican brasserait environ 400 millions d’euros par an. De grands financiers catholiques, comme Michel Camdessus, ex-directeur général du Fonds monétaire international, ou Hans Tietmeyer, qui a présidé la Bundesbank, conseillent désormais les autorités ecclésiastiques dans leurs placements.
Ces personnalités reconnues pour leur probité permettent de redorer un tant soi peu le blason terni d’une Église dont les pratiques financières « opaques » ne manquent pas d’être dénoncées. Dans les années 1980, le scandale à rebondissements de la banque Ambrosiano, « l’établissement du Saint-Siège », avec son cadavre retrouvé sous un pont de Londres et l’implication de la Cosa Nostra, avait contribué à donner une image sulfureuse du Vatican. Jean-Paul II s’était toutefois empressé de lever les suspicions en faisant procéder à la certification des comptes de l’Église.
Si l’omerta financière n’est plus de mise, la comptabilité du Saint-Siège reste bien compliquée pour de simples profanes entre les différents postes de recette (denier du culte, dons, opérations commerciales et de marketing…) et dépense de la papauté (Curie, cité du Vatican…). Après une période de redressement dans les années 1990, les finances du Saint-Siège et de l’État du Vatican sont dans le rouge, en raison notamment des nombreux voyages de Jean-Paul II, dont les mauvaises langues disent qu’à défaut de « remplir les églises, il remplissait les stades ». Les dettes s’élevaient à près de 20 millions d’euros en 2003. Seules les Églises d’Italie et d’Allemagne seraient aujourd’hui « riches », notamment parce que leurs fortunés fidèles peuvent soustraire de leurs impôts les sommes versées à l’église de leur choix.
Quoi qu’il en soit, le pape Benoît XVI, ex-cardinal Ratzinger, un conservateur porche de l’Opus Dei, entend bien drainer les oboles des pèlerins du monde pour partir, à l’aide des moyens de communication les plus modernes, à la conquête du grand marché des incroyants, mais aussi ramener dans sa paroisse les nouveaux protestants, pentecôtistes et autres adeptes des évangélistes. Tout bon chrétien ne doit pas être esclave de l’argent, mais doit savoir s’en servir. Ainsi soit-il.

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