Morceaux choisis

Publié le 24 février 2008 Lecture : 2 minutes.

La guerre d’algérie
Mon père était berger dans son village. Son frère Djilali était militaire. Il s’est battu pour la France en Indochine, mais aussi, auparavant, durant la Seconde Guerre mondiale. [] Au cours de la « pacification » organisée par les Français, mon oncle se cachait dans le maquis. N’arrivant pas à le trouver, les militaires ont arrêté un autre de ses frères. Ils l’ont torturé pour qu’il révèle la cachette de mon oncle. Malgré la douleur, il n’a pas parlé. Les militaires l’ont alors fait monter dans un hélicoptère. Il était en piteux état mais encore vivant. Arrivés au-dessus du village, ils l’ont jeté. Mon oncle s’est écrasé au sol. Il s’agissait d’impressionner les villageois. Au lieu de cela, ça a augmenté leur haine des militaires français et ça les a incités à rejoindre la résistance. [] Voilà pourquoi je n’ai jamais demandé la nationalité française. Même si je n’ai pas été élevé dans la haine de la France.
Le 5 juillet, l’indépendance est proclamée. Pour l’occasion, mon père m’a acheté un treillis de moudjahid pour dire adieu aux camions français qui quittent la ville.

Les femmes
La femme est le pilier de la structure sociale de tous les pays. Comme disait un poète arabe, la femme est cette éternelle exilée. Et tant que les femmes resteront asservies, la démocratie ne pourra pas exister. Je dis que si j’ai une patrie, j’ai surtout une matrie, et qu’ils forment tous les deux les piliers de ma sagesse. Pour le reste, mon côté anarchiste, il y a la fratrie

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Dieu
Pas besoin de tourner autour du pot : pour la psychanalyse, adressez-vous ailleurs. On m’a dit et répété : c’est à Dieu que tu paieras. Mais Dieu est sympa et il me fait une ardoise. Je paierai plus tard. Dieu me fait crédit et adieu les soucis.

La musique
Je ne me sens pas spécialement poète, mais plutôt pilier de bar qui raconte sa vie, bref un conteur. Un conteur qui a besoin de la musique pour faire entendre ses histoires.
Je chante pour faire aimer la liberté, l’égalité et la fraternité, même si ces valeurs n’existent pas dans les faits, ou si peu.

Carte de séjour
On chantait – ou plutôt on vomissait – « Douce France ». Les Noirs, à part descendre de l’arbre, qu’ont-ils fait ? Hein, Monsieur Charles Trenet ? Ils se noient dans la mer, Monsieur !

La politique
On pensait tous qu’avec l’arrivée des socialistes [] les mentalités allaient changer et évoluer dans le sens de la tolérance et du respect. On s’est vite rendu compte que gauche ou droite, ça ne change pas grand-chose. La gauche menant la même politique que la droite mais avec un discours plus hypocrite.
La démocratie est une utopie, elle n’existe pas encore. Elle est multiple et en devenir. Voilà aussi pourquoi elle est inéluctable, elle envahit peu à peu le monde et les esprits. Elle est la modernité même.
J’ai créé deux partis (qui m’aime me juive !) : « les Vrais Vranzais » : juifs, Noirs, Bicots et compagnie ; et le « KousKous Klan », où pour entrer il suffit d’avoir la semoule. Ça ne mange pas de pain. En tout cas, pas le pain des Français.

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