Ahmed El-Midaoui

Président de la Cour des comptes

Publié le 24 février 2008 Lecture : 2 minutes.

1 Jeune Afrique : Diriez-vous que le Maroc fait preuve aujourd’hui d’orthodoxie financière ?
Ahmed El-Midaoui : Le contrôle des finances publiques a débuté en 1960 avec la création de la Commission nationale des comptes. Mais son rôle était limité à un contrôle comptable de niveau administratif plutôt que juridictionnel. En 1979, la Cour des comptes a été instituée avec toutes les compétences d’une juridiction financière classique, puis reconnue par la Constitution en 1996 qui a également créé les cours régionales. En juin 2002, une nouvelle loi a permis d’adapter les juridictions financières aux standards internationaux. Le travail de la Cour ne se limite plus à un contrôle classique de conformité et de régularité de l’exactitude des chiffres, mais il s’étend à la qualité de la gestion, à l’analyse des performances et au rendement des différentes structures publiques à travers l’utilisation des recettes et des dépenses.

2 La Cour ne manque-t-elle pas de moyens ?
Pour être honnête, les moyens humains et financiers ne sont pas suffisants. Nous avons seulement 220 juges de niveau international et 370 collaborateurs pour les appuyer, pour une population de plus de 31 millions d’individus. À titre de comparaison, la Norvège compte une équipe de 970 personnes pour 4,5 millions d’habitants. Nous souhaitons donc disposer de 750 juges dans les dix à quinze prochaines années tout en améliorant la qualité de l’effectif et des technologies utilisées. Notre budget annuel est de 100 millions de dirhams. Il faudra le multiplier par trois pour atteindre ces objectifs. Mais, d’ores et déjà, nous avons renforcé la formation continue pour nos juges et ouvert une école de magistrats-auditeurs pour former pendant deux ans des bac + 7 avant d’intégrer notre juridiction.

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3 On reproche au rapport de ne dévoiler que la partie visible de l’iceberg
Aucune structure publique ne pourra se prévaloir de s’être soustraite au programme de la Cour d’ici à dix ans. Nous avons déjà audité certaines filiales de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). La Banque du Maroc, la Banque centrale populaire ou encore l’Office national de l’électricité n’y échapperont pas. Nous inscrivons notre stratégie dans la durée. Lorsque j’envoie des magistrats dans une grande banque, ils doivent être à la hauteur, donc bien formés. Nos hommes et nos femmes sont en train de s’aguerrir et nous étendons progressivement notre champ d’action.

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