Un test de démocratie

Publié le 23 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

L’ÉLECTION DE JACOB ZUMA à la présidence du Congrès national africain (ANC) est la preuve des progrès démocratiques réalisés par l’Afrique du Sud. L’ancien mouvement de libération a longtemps nié ses divisions internes. Le choix de son nouveau président a fait l’objet d’un débat acharné, et Thabo Mbeki, l’homme en place, a été battu. Cela devrait être une excellente chose dans ce pays où l’opposition reste faible et l’ANC par trop dominateur.

Beaucoup dépendra de la capacité des deux rivaux à coopérer pour le bien du pays. À ce moment critique du développement de l’Afrique du Sud, les institutions comptent bien davantage plus que les individus. Mbeki doit reconnaître que le vote des militants a constitué un rejet de sa manière de gouverner, de son attitude hautaine et distante. Il n’a apparemment pas compris qu’en dépit de sa réussite économique son pays traverse une crise sociale profonde. Lemonde rural, notamment, souffre des effets combinés de l’épidémie de sida et du chômage, dont le taux officiel est de 25 %. La croissance est forte, mais pas assez pour répondre aux attentes de la majorité noire, qu’il s’agisse de la redistribution des terres ou de l’emploi. Mbeki n’en est pas responsable, mais il a donné l’impression de rester insensible aux conséquences du phénomène.

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La balle est maintenant dans le camp de Zuma. Il a montré qu’il avait le contact avec le peuple et fait la démonstration de ses talents de conciliateur, de sa capacité à réaliser l’unité de la société sud-africaine. Mais s’il se comporte en populiste pur et dur, il tuera cette poule aux oeufs d’or que constitue la florissante économie sud-africaine. Les investisseurs doivent-ils s’inquiéter? Zuma a peut-être obtenu la majorité à l’ANC avec le soutien des syndicats et du Parti communiste, mais ce n’est pas un gauchiste militant. Beaucoup dépendra de ses futurs conseillers, car il va devoir mettre au point un programme clair. Il va lui falloir démontrer qu’il n’est pas seulement intéressé par la conquête du pouvoir, mais aussi par l’exercice de la bonne gouvernance. Ce sera le test de son aptitude à exercer la magistrature suprême.

© Financial Times et Jeune Afrique 2007. Tous droits réservés.

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