Suite sévillane pour Kadhafi

Publié le 23 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Pour Mouammar Kadhafi, les visites se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après Paris et ses polémiques, le « Guide » libyen a planté sa tente en Espagne sans que ni la presse ni l’opinion s’en émeuvent outre mesure. Aucun ministre de José Luis Rodríguez Zapatero, le président (socialiste) du gouvernement, n’a manifesté le moindre état d’âme. Et quand Gaspar Llamazares, le leader d’Izquierda Unida (ex-communiste), a reproché au gouvernement d’avoir invité « ce personnage », c’est le Parti populaire, pourtant ennemi juré des socialistes, qui, par la bouche de Gustavo Arístegui, a volé à son secours. À l’en croire, on ne peut comparer Saddam Hussein et Kadhafi, le premier étant responsable de « centaines de milliers de morts », le second de beaucoup moins. Comptabilité macabre
Parti de Paris le samedi 15 décembre, le « Guide » a atterri à Séville (Andalousie) pour un week-end de détente. Le soir même, il dînait sous la tente avec José María Aznar, l’ancien numéro un espagnol, qui, en septembre 2003, après la levée des sanctions contre la Libye, fut le premier dirigeant européen à se rendre à Tripoli. Une antériorité qui explique peut-être la place de favorite que l’Espagne semble occuper aujourd’hui auprès de Kadhafi. Le 18 décembre, à l’issue d’une rencontre avec le patronat, ce dernier a estimé que les Espagnols qui travaillent dans son pays lui apparaissent « plus proches que les Allemands ou les autres Européens », et même « pas vraiment étrangers ». Le « Guide » est résolu à mettre une sourdine à ses critiques contre le « néocolonialisme », car, a-t-il expliqué, « les deux rives de la Méditerranée se sont mutuellement envahies au cours de l’Histoire » et que ce phénomène « a aussi eu des conséquences positives ». Il n’a donc pas été question des conditions d’accueil dans la péninsule des ouvriers agricoles originaires du Maghreb. Ni des immigrés en général.
Pour l’heure, les conséquences de la visite de l’imprévisible colonel apparaissent très positives. Le 18 décembre, Zapatero a annoncé la conclusion avec la Libye d’un accord-cadre de coopération politique et économique qui devrait déboucher sur de nombreux projets concrets dans les domaines des infrastructures, de la défense, de l’énergie et de la fourniture d’équipements divers. Montant total : 11,5 milliards d’euros. Soit 1,5 milliard de plus qu’avec la France. Le tout, sans controverses ni triomphalisme !

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