Sombre business au Mina Bazar

Publié le 23 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Au Mina Bazar de la rue Poulet, dans le 18e arrondissement de Paris, on trouvait tout ce qu’il faut pour « être belle ». C’était une des bonnes adresses où les Africaines venaient acheter les crèmes éclaircissantes interdites à la vente en France depuis 2001. Hydroquinone, corticoïdes et même mercure : la composition de ces produits « miracles » donne une idée des risques d’empoisonnement qu’ils comportent.
Oh ! bien sûr, Mme Tarik avait bien remarqué que certaines de ses clientes présentaient de « grandes traces » et de vilaines tâches sur la peau. « Elle s’est interrogée, mais bon, elle a fait comme tout le monde dans le quartier, elle a continué à vendre », a plaidé son avocat devant le tribunal où, en compagnie de son mari, M. Arshad, elle a comparu le 20 novembre. Ce couple d’origine pakistanaise, qui parle à peine le français, a plaidé « la bonne foi ». À la barre, ils ont expliqué que, ne sachant pas lire, ils ne connaissaient pas la composition des crèmes et savons mis en vente.
Au Mina Bazar, la police a trouvé pas moins de 991 produits dangereux. Le business de l’éclaircissement de la peau représentait 30 % du chiffre d’affaires de l’établissement. « Si ce ne sont pas mes clients qui les vendent, ce sera la boutique d’à côté », a commenté l’avocat. Le couple a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et à 1 000 euros d’amende.
L’hydroquinone reste prescrite par les dermatologues, mais à des doses n’excédant pas 2 %. Or, sur le marché noir européen ou en Afrique, on trouve parfois des dosages dix fois supérieurs. Utilisés pour réduire les irritations provoquées par les produits éclaircissants, les corticoïdes sont quant à eux à l’origine de modifications hormonales (« virilisation » des femmes, notamment). Les belles auront peut-être la peau claire, mais elles risquent de se retrouver avec un début de barbe.
Eczéma, irritation, cancer de la peau, hypertension et même problèmes rénaux : les complications peuvent être très graves. Plus de 60 % des utilisatrices déplorent des effets négatifs. Malgré l’interdiction de la vente dans de nombreux pays d’Afrique et tous les messages d’alerte, ces produits restent très prisés. On estime que 25 % des femmes africaines, et de plus en plus d’hommes, en consomment.

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