Sermon du FMI sur l’intégration économique
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Le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Srauss-Kahn, a entamé sa première tournée maghrébine par une visite à Tripoli, le 17 novembre, avant de s’envoler pour Tunis puis Alger. À plusieurs reprises, il a exhorté les pays du Maghreb à « avancer dans l’intégration économique comme s’il n’y avait pas de problèmes politiques et à traiter les problèmes politiques comme s’il n’y avait pas de difficultés économiques ».
Les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie) ont tout à y gagner. Chaque année, la non-intégration économique coûte 2 points de croissance à la zone, selon le FMI. Paradoxalement, ils effectuent 80 % de leurs échanges avec l’Union européenne, alors que le commerce intermaghrébin se limite à 3 % et que l’investissement régional reste marginal. La marge de progression est donc colossale. Il leur suffirait de s’entendre pour valoriser ensemble leur immense marché, fort de 100 millions de consommateurs potentiels, d’un PIB de 224 milliards de dollars (équivalent à celui de l’Afrique du Sud) et de ressources naturelles et énergétiques abondantes.
Pour l’économiste Yvan Decreux, il est absurde que les pays du Maghreb aient plus d’intérêt à commercer avec l’UE, avec qui ils ont des accords de libre-échange, qu’avec leurs proches voisins, dont les protections douanières sont très élevées. « C’est dommageable, car le Maghreb se cantonne à faire de la sous-traitance pour l’Europe et limite son potentiel. La baisse des barrières douanières intermaghrébines favoriserait une dynamique de répartition et de spécialisation de la production entre les pays. »
À Tripoli, banquiers et entrepreneurs se sont entendus pour rendre opérationnelle dès 2009 la Banque maghrébine d’investissement et du commerce extérieur (BMICE), créée en 1991 et en souffrance depuis. Basée à Tunis, elle doit permettre de promouvoir les échanges, de renforcer les investissements et, à terme, de créer une union monétaire entre les cinq pays. Mais pour Yvan Decreux, il faudra dix à quinze ans avant que les effets de l’intégration se fassent réellement sentir. Le temps nécessaire aux cinq pays pour enterrer leurs différends.
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