Courrier des lecteurs

Publié le 23 novembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Turquie européenne ?
– Si je partage nombre des opinions exprimées dans les articles de J.A., je ne puis laisser passer sans réagir l’éditorial de Béchir Ben Yahmed (J.A. n° 2495) dans lequel il place, de sa seule autorité, la Turquie en Europe. C’est faux et cela l’a toujours été ! Il faut apprendre et respecter l’histoire et la géographie ! La Turquie est un pays d’Asie mineure. En tant que tel, je le respecte profondément et je souhaite que soient établis avec lui des liens étroits et dynamiques. Je forme le même désir en ce qui concerne l’Afrique, chère à mon cur et à mon intelligence. L’Europe est complexe. Sa réalisation est, à mon avis, une nécessité. Ne la déformons pas au risque de la dénaturer et de rendre son unité irréalisable !
Hervé Pinet, Paris, France

Réponse : J’ai écrit que la Turquie est un futur membre de l’Union européenne en me fondant sur le fait qu’elle est candidate, que l’Union négocie avec elle pour l’admettre en son sein, et que beaucoup pensent qu’elle finira par l’être.
L’histoire et la géographie sont ce qu’elles sont et je ne les récuse pas. Mais la décision se prendra par les politiques, à une date où je crains que nous ne soyons plus là pour savoir ce qui a prévalu.
BBY

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Football et malaise identitaire
– Dans les matchs où la Marseillaise a été sifflée (voir J.A. n° 2493-2494), on a tort de réduire le phénomène à une simple provocation. Car, loin des stades, combien sont les professeurs, dans les établissements scolaires français, qui entendent régulièrement des jeunes Français dire : « Moi, je suis algérien », « moi je suis marocain » Il est vrai qu’un tel comportement s’alimente des représentations sociales de l’identité. Sans même parler du racisme ordinaire, tout un champ sémantique de la vie quotidienne n’en finit pas de renvoyer ces mêmes citoyens à leur supposée origine : « Vous êtes français, oui, mais de quelle origine ? » Et les médias n’hésitent pas à mettre en scène « les origines maghrébines » de la population. On rappellera seulement la très large médiatisation en France de la victoire finale de la Tunisie en Coupe d’Afrique des nations, le 14 février 2004. Avant la rencontre finale, qui opposa la Tunisie et le Maroc, on a pu entendre sur France 2 : « À 1 500 km de Radès [Tunisie], un public en liesse : les Tunisiens de France envahissent les Champs-Élysées en rouge et blanc, après les Bleus de 1998. » Et le quotidien marseillais La Provence de souligner que « la communauté tunisienne était aux anges » Alors, bien sûr, l’orgueil politique affiché en réponse à un malaise identitaire profond est contre-productif. Il ne fait que creuser la fracture entre une certaine jeunesse et leurs dirigeants politiques.
Driss Abbassi, enseignant-chercheur, Toulon, France

Collaboration épistolaire
– Je suis une étudiante ivoirienne et je suis friande de J.A., et plus particulièrement des éditos de Béchir Ben Yahmed. Ce message est pour dire merci à BBY pour les informations et, au-delà, pour le savoir qu’il procure à ses lecteurs.
À ce propos, je souhaiterais savoir si je peux recevoir la newsletter de J.A. via mon courriel et s’il serait possible de correspondre avec des journalistes de J.A., et pourquoi pas avec BBY en personne. Merci d’avance et que Dieu vous bénisse.
Yapo Cho Jackline, par courriel

Réponse : Merci de votre précieuse attention. Comme pour la plupart des publications possédant un site Internet, il est possible de s’abonner gratuitement à la newsletter de J.A. Il suffit de vous rendre sur son site (www.jeuneafrique.com), de mentionner votre adresse électronique dans l’espace réservé à cette demande (en haut à droite de la page d’accueil), puis de cliquer sur « OK », et le tour est joué. En ce qui concerne la correspondance avec des journalistes de la rédaction, vous pouvez envoyer vos messages à l’adresse postale (57 bis, rue d’Auteuil, Paris) ou électronique (redaction@jeuneafrique.com) de J.A., ou encore laisser vos commentaires sur le blog de BBY (http://bechir-ben-yahmed.blog.jeuneafrique.com/index.php/). Nous vous répondrons avec plaisir.

Les Afro-Américains et nous
– Décidément, les États-Unis sont le pays de la démesure et de la magie. L’élection de Barack Obama vient nous rappeler que la destinée du monde est plus que jamais liée à celle de ce pays. Ce succès a été possible parce que, avant lui, des générations ont mené la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains. Nous aussi, en Afrique, avons mené notre combat contre la colonisation. Un combat que avons gagné en même temps que nos cousins d’Amérique remportaient leurs premières victoires. Et pourtant, plus de quarante ans après, force est de constater que les Noirs, de l’autre côté de l’Atlantique, ont su se servir de leurs nouveaux droits tandis que, en Afrique, nous avons globalement « gaspillé » les nôtres.
Oui, l’élection de Barack Obama est pour tous les peuples africains une source de grande fierté. Mais elle doit aussi nous rappeler que nos dirigeants et les systèmes qu’ils ont mis en place ne sont pas à la hauteur de notre « génie propre ».
Baker Joma Amada, Caen, France

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De l’héritage colonial
– Réagissant, avec un certain retard, à la rubrique « En vérité » consacrée au dédommagement versé par l’Italie à la Libye (J.A. n° 2487), je trouve que la tonalité de l’avant-dernier paragraphe, lequel évoque la colonisation en général, manifeste à mon avis une opinion assez idéologique et très politiquement correcte.
Lorsqu’on connaît bien les pays d’Afrique subsaharienne, on peut difficilement nier que la colonisation a laissé une organisation étatique, des infrastructures, des écoles, des hôpitaux, des grandes entreprises bien gérées exploitant le potentiel naturel du pays, etc. Un capital que beaucoup, hélas, ont peu fait fructifier par la suite ou ont détruit.
Je ne conteste pas que le principe inégalitaire qui sous-tend la colonisation soit condamnable, ni que des exactions horribles aient été commises, mais je ne partage pas l’avis de ceux qui jugent la colonisation sans nuances en lui refusant tout « aspect positif » : celle de la France par les Romains, par exemple, a laissé beaucoup d’avancées.
Yves Ronsin, par courriel

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