Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 23 octobre 2005 Lecture : 5 minutes.

Pour la défense des clandestins
En abandonnant des centaines de Noirs dans le désert, le Maroc confirme l’enquête que Jeune Afrique/L’intelligent avait publiée (voir J.A.I. n° 2266) à propos du racisme subi par les Subsahariens.
Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg ; ces actes durent depuis des années sans qu’aucun organisme n’intervienne. Je vis au Maroc depuis six ans, et j’ai recueilli des
témoignages de clandestins mais aussi d’ex-prisonniers jetés dans le désert algérien. Je ne suis pas surpris de l’attitude passive du Sénégal, du Mali ou du Nigeria, des deux Congos, du Ghana ou encore du Cameroun, après que les militaires marocains ont tiré à bout
portant sur leurs ressortissants, dont certains étaient des étudiants, ramassés et déportés à Oujda sans que leur ambassade intervienne, sinon tardivement.

Émigrés : la solution est en Afrique
De Nouadhibou, je réagis à la triste actualité des clandestins pris en sandwich entre l’Espagne et le Maroc. Ce qui me surprend dans cette affaire, c’est l’intervention
musclée et inhumaine des autorités marocaines. Néanmoins, je ménage le peuple marocain, qui a fait preuve de modération et de générosité pour aider les clandestins en détresse.
Ces hommes sont le produit de l’incapacité des gouvernants africains à trouver des solutions économiques, gangrenés qu’ils sont par les détournements et la corruption.
L’assaut donné à la double barrière de la frontière maroco-espagnole montre la détermination de ces malheureux face à une alternative : en finir avec la misère en entrant en Europe, ou en finir avec l’enfer de la vie en martyr du destin.
La solution de l’émigration n’est ni à Bruxelles ni à Washington, mais entre les mains des dirigeants africains avec l’appui de la communauté internationale.

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L’ICG n’a rien résolu
Vous avez exposé, dans la rubrique « Confidentiel », les préconisations de l’organisation ICG pour la Côte d’Ivoire (voir J.A.I. n° 2335). Outre le fait que cet organisme est encore largement inconnu, il n’a encore rien résolu, en dépit de ses nombreux rapports sur
l’Irak, le Moyen-Orient, la Somalie, etc. L’ONU est aujourd’hui discréditée. Elle ressemble plus à la Société des nations (SDN) qu’à une institution qui rassemble, et elle apparaît minée par la course aux intérêts de ses membres détenteurs du droit de veto. Quant à l’Union africaine, elle a démontré son incapacité à venir à bout de la crise en
Côte d’Ivoire, ses dirigeants ayant fait des calculs d’intérêts qui ont échoué.
Au regard et à la lecture de tout cela, le peuple ivoirien n’acceptera pas la dissolution de ses institutions, encore moins l’ingérence de qui que ce soit, caché derrière l’étiquette internationale.

Planète Nobel
Votre article sur les prix Nobel (voir J.A.I. n° 2335) fait notamment état de la sous-représentation de l’Afrique et de l’écrasante domination des États-Unis. Cependant, un autre angle d’analyse pourrait produire des chiffres fort différents.
Le site Internet www.science.co. prouve que ce sont les Juifs qui comptent le plus grand
nombre de « nobélisés », et ce dans tous les domaines récompensés.
Comment comprendre qu’un peuple ne représentant qu’une infime partie de l’humanité totalise plus de 20 % des prix Nobel ? Les descendants des Hébreux possèdent-ils un secret en la matière ? Vivement donc que les Juifs viennent aider – comme ils l’ont fait ailleurs – nos Etats africains à être présents à ce rendez-vous mondial de l’excellence !

Responsabilités partagées
Je suis d’accord avec l’article que vous avez publié sur les clandestins (voir J.A.I. n° 2336), mais une chose me gêne : que faire ? Les milliers de personnes qui tentent de passer en Occident au péril de leur vie survivaient dans des conditions épouvantables dans la forêt, autour des enclaves de Ceuta et Melilla. Les laisser dans le désert est atroce, mais leur situation précédente n’était pas plus enviable. Si ce drame peut dissuader d’autres malheureux malheureux de passer d’une misère à une autre, ce sera toujours ça de gagné. L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Education pour tous en RD Congo
Mon pays vit des moments difficiles. Depuis un mois, les enseignants sont en grève pour obtenir le paiement de leurs arriérés de salaire. Comment accepter qu’un fonctionnaire touche moins de 10 euros par mois et que, le plus souvent, ce soient les parents d’élèves qui lui versent cette somme ? Cette situation fait que certains enfants ne peuvent plus aller à l’école, faute d’argent dans la famille.
Le peuple congolais a besoin de dirigeants aptes à gérer au mieux la destinée du pays et à répartir de façon équitable le revenu national.

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Bon anniversaire à J.A.I.
Beaucoup de lecteurs, comme moi-même, auront été heureux de revoir l’édito de B.B.Y. en début de journal, plus ces pensées humouristiques qu’il choisit et dont certaines sont si bonnes que je me suis acheté Le Dictionnaire des mots d’esprit de Raymond Castans.
La présente a pour but premier de souhaiter un très bon anniversaire à Jeune Afrique et féliciter son fondateur. 45 ans : quel bel âge ! Surtout qu’avec le temps, le journal s’est beaucoup amélioré, bonifié. toujours sérieux (un peu trop), mais très complet, très soigné aussi.

Le Maroc et son histoire
Dans un pays où l’islam de l’apparence retrouve sa superbe pendant le mois de ramadan, où femmes et hommes enfilent leurs plus belles djellabas pour marquer leur piété retrouvée, où les gens s’endettent pour garnir leurs tables du ftour des mets les plus exquis, il est temps de stopper l’hypocrisie.
Il est temps que nous ayons une lecture moins vaniteuse de notre histoire, où le Marocain s’érige comme sauveur des peuples d’Afrique subsaharienne que ses ancêtres ont convertis à
l’islam. Dans le subconscient de nombre d’entre nous, les Noirs sont perçus comme des sous-hommes. Ce comportement inacceptable trouve peut-être son origine dans la période de traite des esclaves en provenance du Sénégal, du Mali ou du Soudan, qui a connu son apogée lors de la domination saâdite du Maroc et duré jusqu’au début du siècle dernier
Le mérite de l’islam, à cette époque, aura été de favoriser une réelle assimilation de cette communauté noire au sein des familles marocaines. En effet, dans sa lutte contre
l’esclavage, l’islam garantissait la liberté à toute esclave ayant enfanté. De plus, son enfant était considéré comme un héritier légal du père biologique. Cette pratique a
entraîné, dès la deuxième génération, l’égalité entre hommes blancs et noirs. Nous trouvons aujourd’hui au sein de grandes familles de Fès ou de Salé, réputées pour leurs
origines andalouses blanches, des métissages n’engendrant aucune différence sociale.
En ce mois de ramadan, une solidarité réelle du gouvernement marocain ainsi que des populations envers ces « voyageurs noirs démunis » nous aurait réconciliés avec notre histoire et donné la possibilité de construire un plaidoyer cohérent face à l’Europe, la mettant ainsi devant sa part de responsabilité dans cette tragédie humaine.

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