Survivances coloniales
Certes, la colonisation française n’a jamais cessé d’intéresser les historiens. Mais la diffusion de leurs travaux restait confinée à un public d’initiés. Tout a changé depuis que cet épisode historique est devenu un enjeu de mémoire et que le débat s’est – en partie – fixé au coeur même de la société française. Ainsi, pour le mouvement des « Indigènes de la République », c’est l’inconscient colonial français qui maintient les immigrés et leurs enfants dans « un statut de sujets ».
Cette mise en accusation n’a pas manqué de susciter une vague éditoriale, amorcée, dès 2003, avec Le Livre noir du colonialisme – XVIe-XIXe siècle : de l’extermination à la repentance (éd. Robert Laffont, réédition Hachette Pluriel en 2004), somme réunissant une trentaine de contributions couvrant la quasi- totalité des aires sous domination européenne. Parmi les parutions récentes, on relève notamment La Fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial (La Découverte, 312 pages, 20 euros). À partir d’enquêtes conduites à Toulouse, cet ouvrage collectif dirigé par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire ausculte les prolongements contemporains, notamment dans la ghettoïsation des banlieues, du passé colonial de la France. L’Esclavage, la Colonisation, et après… (sous la direction de Patrick Weil et Stéphane Dufoix), sorti au début de 2005 aux PUF (630 pages, 29 euros), avait la même ambition – étudier les séquelles de leur histoire coloniale dans les sociétés occidentales actuelles -, mais sous l’angle d’une comparaison entre la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Héritière de Maspero, l’éditeur qui s’était fait dans les années 1960-1970 le porte-parole des luttes du Tiers Monde, La Découverte multiplie les parutions autour de ce thème, souvent associé à ceux de l’esclavage et de la traite négrière. Ainsi a-t-elle sorti en octobre Les Lumières, l’Esclavage, la Colonisation (336 pages, 29,50 euros), recueil de textes publiés par Yves Benot sur une cinquantaine d’années, ainsi qu’un livre abondamment illustré intitulé Marseille, porte Sud. Un siècle d’histoire coloniale et d’immigration (sous la direction de Pascal Blanchard et Gilles Boëtsch, 224 pages, 45 euros).
C’est de Suisse que nous vient un superbe livre de photos sobrement titré Le Temps des colonies (éditions Favre, 160 pages, 38,50 euros), de Charles-Henri Favrod. Les dizaines de documents inédits ici rassemblés en disent autant que tous les grands discours sur les traumatismes vécus par les peuples soumis au joug occidental. Très riche iconographie aussi dans le dernier numéro de l’excellente revue L’Histoire (114 pages, 6,70 euros), « La colonisation en procès ». Travail forcé, zoos humains, rôle des Églises, bilan en matière de santé et d’éducation… Toutes les pièces du dossier sont exposées de façon claire et rigoureuse.
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