Sur un arbre perché à Rabat

Publié le 23 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Omar Ali Abou Bakr, 27 ans, un solide gaillard au visage dévoré par une barbe rousse, se présente comme un opposant au régime de Kadhafi. Pour échapper à la répression policière, il a dû fuir la Libye et se réfugier au Maroc. Dans l’attente d’un statut de réfugié politique, il vit depuis dix mois perché sur un arbre, à proximité de l’ambassade des États-Unis, dans un quartier résidentiel de Rabat. « J’ai été torturé et jeté en prison en 1998 après une explosion dans une salle de réunion à Ras Lanouf (à 600 kilomètres à l’est de Tripoli). J’y ai croupi durant cinq ans », déclare-t-il à l’Agence France-Presse. Lorsqu’il quitte son lieu de détention, Omar apprend que sa femme a été violée par des agents des services de sécurité libyens alors que huit membres de sa famille ont été tués. Il décide de quitter son pays et embarque clandestinement sur un navire en partance pour Casablanca.

Après plusieurs semaines d’errance, Omar s’installe à Rabat, rue Meknès, entre le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’ambassade des États-Unis. Pourquoi cet endroit en particulier ? « Ici, c’est parfait : je n’ai pas dû marcher des kilomètres pour obtenir un statut de demandeur d’asile, et je suis à l’abri des tueurs de Kadhafi, car l’ambassade de Bush est très protégée », explique-t-il.

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En fait, Omar Ali occupe deux arbres distant d’une centaine de mètres. Sur le premier, il dort. Sur le second, il fait sa lessive et se lave. Bien sûr, le spectacle ne manque pas de susciter des réactions tranchées chez les voisins. Certains voient d’un mauvais oeil cet hurluberlu qui, pour prendre sa douche, se met en caleçon ou se déshabille complètement, au risque de choquer les femmes du quartier. D’autres se montrent plutôt bienveillants et lui fournissent eau et nourriture. « Il faut être solidaire et aider son prochain dans le besoin, affirme le gardien d’une villa. D’ailleurs, il ne fait aucun mal. »

Le HCR a été sensible au cas d’Omar Ali Abou Bakr. Ce dernier a réussi à obtenir une carte de demandeur d’asile, renouvelable tous les trois mois. Sous la protection de cet organisme, il ne peut donc pas être expulsé vers son pays d’origine.
Des milliers de clandestins africains, candidats à l’immigration, auraient rêvé d’un tel statut.

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