Pincement au coeur

Publié le 23 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Difficile de retrouver Abidjan sans éprouver un pincement au coeur. Le visiteur est pris d’une impression de gâchis quand il revoit cette métropole tropicale dont Félix Houphouët-Boigny, le père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, rêvait de faire la vitrine de l’Afrique émergente. La « Perle de la Lagune » subit tous les jours davantage le contrecoup de la crise qui paralyse le pays depuis qu’une tentative de coup d’État a dégénéré en conflit armé dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Les immeubles futuristes du « Quartier administratif », symboles du progrès économique des années 1970 et 1980, se délabrent. Les artères de la ville, jadis citées en exemple sur le continent, se dégradent. Les ordures s’amoncellent. Une impression de décrépitude succède au lustre d’antan.
Depuis l’éclatement de la crise, l’occupation de 60 % du territoire par la rébellion des Forces nouvelles a déréglé l’agriculture, fait le lit de réseaux de trafiquants de café et de cacao et instauré une mainmise des seigneurs de guerre sur le coton. Malgré tout, l’économie résiste. L’État continue de payer les fonctionnaires. Le port d’Abidjan, principal réceptacle de recettes douanières, continue de fonctionner. L’activité économique tourne cependant au ralenti depuis les événements de novembre 2004, avec leur lot de victimes tombées sous les balles de la force française Licorne et d’attaques contre les ressortissants et les symboles de la France. Les destructions perpétrées au cours de ces folles journées, et dont le coût a été évalué à 50 milliards de F CFA, ont entraîné la disparition de 300 entreprises et la mise au chômage de quelque 30 000 personnes.
Jadis si pleine de vie, animée de jour comme de nuit, Abidjan s’endort désormais dès le crépuscule. Les barrages militaires qui la quadrillent le soir venu, le sentiment d’insécurité et la chute du pouvoir d’achat ont considérablement réduit l’animation nocturne. Mais il arrive encore que les rues s’animent, comme le 8 octobre dernier, pour célébrer la qualification de l’équipe nationale de football. Comme si rien ne pouvait arrêter le goût de vivre des Abidjanais.

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