Nina à confesse

Sur le divan de sa psychanalyste, la narratrice raconte sa quête introspective. Censure interdite !

Publié le 23 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

De deux choses l’une : soit on lit Mes Mauvaises Pensées d’une traite en craignant d’arriver trop vite à la dernière page. Soit on le déteste d’emblée, dès les premières phrases : « Je viens vous voir parce que j’ai de mauvaises pensées. Mon âme se dévore, je suis assiégée. »
Quoi qu’il en soit, le neuvième livre de Nina Bouraoui ne laisse pas indifférent. Plus qu’un roman, Mes Mauvaises Pensées est le récit d’une confession : celle de la narratrice au docteur C. Elle nous parle en vrac de son enfance, de son Algérie, de Nice, de Rennes, du 118, rue Saint-Charles dans le 15e arrondissement parisien, d’Hervé Guibert, de sa « famille amoureuse » et d’autres souvenirs qui remontent dans un apparent pêle-mêle n’ayant rien de fortuit.
La narratrice ne le sait que trop bien, les hasards n’existent pas et la vie finit tôt ou tard par répondre aux questions qu’ils avaient soulevées. Tout est tissé et tout se superpose : les lieux, les époques, les rencontres. Et à la voix de la narratrice répondent dans un désordre chronologique d’autres voix, celles des femmes aimées : la Chanteuse, l’Amie, Diane de Zurich, la mère, madame B., le docteur C., etc. Et bien sûr, on y entend aussi les phrases des pères et grands-pères : les bienveillantes « Dis-moi que tu vas bien » comme les assassines « Tu finiras mal ».
Le résultat ? Un brouhaha polyphonique, probablement celui-là même qui a généré les mauvaises pensées. Comprendre des idées destructrices, que l’écriture vient fixer, rendre intelligible et éventuellement dissoudre : telle est peut-être l’ambition du dernier ouvrage de Nina Bouraoui, auteure franco-algérienne qui, dès son premier roman, La Voyeuse interdite, avait déjà rencontré un franc succès en remportant le Prix du livre Inter 1991.
Poursuivant son oeuvre dans la même verve intimiste, tout en pudeur, la jeune écrivaine se livre et nous livre probablement son récit le plus affranchi. Un ton qui n’a pas laissé de marbre les jurys du Renaudot et du Goncourt, deux grands prix pour lesquels Mes Mauvaises Pensées est sélectionné. Verdict le 3 novembre prochain.

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