Mieux vaut prévenir que guérir

Publié le 23 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Après les images terrifiantes d’enfants faméliques et la mobilisation tardive de la communauté internationale, l’heure est à la réflexion. Il faut tirer les leçons de la crise alimentaire qui a frappé cette année la plupart des pays du Sahel, et tout particulièrement le Niger. Dans ce pays, bon dernier au classement du développement humain publié par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), où plus de 60 % de la population vit avec moins de 1 dollar par jour, 3 millions de personnes ont été menacées de famine. L’ONG Médecins sans frontières annonce avoir pris en charge plus de 35 000 enfants atteints de malnutrition sévère. Entre 5 % et 10 % d’entre eux n’ont pas survécu.
« Certes, la sécheresse et l’invasion acridienne ont provoqué une chute de la production céréalière, mais les populations pauvres et très vulnérables ont surtout été dans l’incapacité d’acheter des vivres du fait de la hausse des prix », a résumé Normand Lauzon, directeur du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), lors d’une rencontre à Paris, le 18 octobre.

Le CSAO est rattaché à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les discussions ont porté sur l’amélioration nécessaire du dispositif régional et des systèmes d’alerte, le renforcement des capacités de production agricole, l’approvisionnement des marchés, l’insuffisance des stocks nationaux de sécurité en cas de pénurie, l’implication de la communauté internationale et la responsabilité des États. Mais aussi sur les conséquences de la libéralisation des filières céréalières depuis les années 1990. « Quand les commerçants nigérians siphonnent les greniers du Niger, accentuant la pénurie et la hausse des prix, cela doit nous pousser à réfléchir afin de lutter contre ces dysfonctionnements et rendre l’intégration régionale plus efficace », reconnaît Thérèse Pujolle, présidente du CSAO.
C’est dans la région de Maradi, considérée comme le « grenier à mil » du Niger, que la situation nutritionnelle des populations a été le plus précaire.

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Quant au ministre porte-parole du gouvernement nigérien, Mohamed Ben Omar, il reconnaît que certains « commerçants véreux ont spéculé », tandis que les autorités du pays ont été dans l’impossibilité de s’approvisionner dans la sous-région. Au Niger, le sac de mil de 100 kg a dépassé 30 000 F CFA, soit une augmentation de 75 % à 80 % par rapport aux moyennes des cinq dernières années. « Il y a de quoi relancer le débat sur les prix plafonds abandonnés depuis la libéralisation, mais qui permettaient auparavant de juguler les excès du marché », conclut Norman Lauzon.

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