3 questions à Chams-Eddine Ndiaye

PDG et cofondateur de Sahelian International Airlines

Publié le 23 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Comment expliquez-vous les déboires d’Air Sénégal International ?
Chams-Eddine Ndiaye : Il y a plusieurs raisons. Le partenariat avec les Marocains est déséquilibré : la politique de la RAM est de développer le hub de Casablanca, ce qui entre en contradiction avec le développement d’Air Sénégal. Il y a aussi un problème de marché. La vocation première d’Air Sénégal est de prendre les passagers à Dakar, de les déposer dans la sous-région et de les ramener chez eux. Mais c’est un marché trop étroit. Il faut davantage de liaisons entre les différentes capitales, sans systématiquement passer par Dakar. Et puis la flotte d’Air Sénégal ne lui permet pas de faire du fret. En contrepartie de ce manque à gagner, Air Sénégal doit appliquer des tarifs passagers élevés et donc peu compétitifs.
L’État sénégalais détient 49 % du capital. N’est-il pas responsable lui aussi ?
Si. Car en s’alliant avec la RAM, l’État a fait un choix politique, et non économique. D’ailleurs, les membres sénégalais du conseil d’administration sont surtout des politiques. Pour être pérennes, les futures compagnies africaines devraient être indépendantes de l’État et des institutions. À l’époque d’Air Afrique, la ligne Paris-Niamey, quatre fois par semaine, était déficitaire. Mais comme le Niger était membre d’Air Afrique, il fallait cette ligne. Si la compagnie avait été privée, on aurait réduit la fréquence des vols ou organisé des transits par Ouagadougou. Une compagnie détenue par le privé se soucie de rentabilité avant tout.
Où en êtes-vous de votre projet de compagnie panafricaine ?
Nous sommes en retard. Le décollage des premiers appareils était prévu en novembre 2007, mais nous avons dû le reporter à la fin du premier semestre 2008. Nous voulions intéresser les investisseurs africains, mais ils font preuve d’attentisme. Nous avons dû chercher nos financements ailleurs. Un fonds d’investissement luxembourgeois, Noreva Finance, a débloqué 120 millions de dollars, ce qui couvre la totalité de nos besoins en investissements. Après le décollage de la compagnie, nous allons procéder à une augmentation de capital et le porter à 8,515 milliards de F CFA. Ensuite, nous en céderons 85 % à des investisseurs privés, personnes physiques ou morales, car nous souhaitons diversifier l’actionnariat. La majorité des actionnaires devront être africains. Fin 2007, nous installerons physiquement la maison mère à Dakar. Puis, en janvier 2008, ce sera le tour de nos huit filiales*. En mars, nous deviendrons membre de l’Iata (Association internationale du transport aérien, NDLR).

*Au Sénégal, Mali, Burkina, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Cameroun et Congo-Brazzaville.

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