Le Sarkozy Rock
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Je n’ai rien contre Nicolas Sarkozy, au contraire.
La France avait besoin de lui. Besoin d’un homme politique résolu à rompre les statu quo qui plombent ce pays depuis plus de vingt ans. Elle a besoin d’une personnalité qui la bouscule, prête à affronter tous les corporatismes gaulois. Et on l’aime bien, ce chef d’État, dynamique, sûr de lui, habillé smart (d’après le très sérieux Vanity Fair), qui fait son jogging. Et qui y croit
On est même assez épaté de cette énergie, de le voir couvrir, presque à lui tout seul, tous les fronts : paquet fiscal, réformes des retraites, des régimes spéciaux, révolution « culturelle » de la fonction publique, immigration, Union méditerranéenne, remise en cause du fonctionnement de la Banque centrale européenne, de la relation franco-allemande, de la relation franco-américaine, réalignement vis-à-vis de l’Otan, « guerre » à l’Iran, discours [laborieux] à Dakar
Épaté et inquiet.
Nicolas Sarkozy a confiance en lui. C’est clair. Mais la société française, elle, est recroquevillée sur elle-même, traumatisée par le chômage, la toute-puissance des syndicats, les corporatismes de tous bords, la paralysie des pouvoirs depuis vingt ans. Et, dans ces moments de transition, de modernisation douloureuse, on a besoin de beaucoup de démocratie. Et la démocratie a un rythme, un temps, des contraintes, qu’il faut respecter. En France, les élites d’une très grande qualité ne manquent pas, et elles doivent s’exprimer. En France, l’Histoire l’a prouvé, le peuple demande qu’on l’écoute et qu’on l’entende.
Le président, lui, va vite, très vite, au bord de l’excès de vitesse. Il fait tout, vraiment tout. Les ministres (le Premier d’entre eux en tête) ont disparu, les parlementaires aussi, les chefs d’administration également, les présidents de sociétés publiques idem, tous mis de côté par l’activisme et l’énergie présidentiels. Et le superstaff élyséen autorisé, encouragé même, à prendre en main les rênes du pays
Réactions d’une de mes relations, qui fut un temps un membre important du sérail : « Sarko a très bien commencé. Mais il fait tout, tout seul. Et à force de banaliser ses ministres et ses appuis politiques, il va se retrouver au premier rang sur tous les dossiers. Au premier problème sérieux – et il y en aura un, il y en a toujours un – il sera sur la ligne de feu. Abandonné par ses amis justement, trop heureux de dire : Ce n’est pas nous, c’est lui Surtout si les orages, qui échappent à la volonté de tous, y compris des hommes providentiels, s’accumulent vite : dette, crise de l’immobilier américain, baisse de la croissance »
La France a besoin de changements et de révolution. Mais l’affaire sera très compliquée et les résistances nombreuses. Sur les lignes de front de la bataille, Nicolas Sarkozy aurait probablement intérêt à être un peu moins seul.
On va voir avec grand intérêt l’évolution des choses. Voir comment Sarkozy, indéniablement un homme politique et un homme d’État, va « grandir » avec la fonction et les épreuves.
Après tout, il n’est à l’Élysée que depuis quatre mois [On croyait que cela faisait déjà plus longtemps]. Ce qui est sûr, c’est que tout cela va être « rock and roll »
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