La Chine veut les mines et paie les routes

Publié le 23 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

« Nous ne jouons pas avec les mêmes armes, alors on se contente de regarder les trains passer ». De Paris à Bruxelles, les hommes d’affaires qui lorgnaient les juteuses opportunités commerciales de la reconstruction ont accueilli avec le même fatalisme le protocole d’accord entre la Chine et la République démocratique du Congo (RDC), rendu public le 18 septembre. Un partenariat devant déboucher sur un financement de 5 milliards de dollars pour les infrastructures et les mines. Trois milliards de dollars seront consacrés à la construction de plus de 3 000 km de voies de chemin de fer entre Sakania (Katanga, Sud-Est) et Matadi (Bas-Congo, Ouest), la réhabilitation d’une route reliant Kisangani (Province orientale, Nord-Est) et Kasumbalesa (Katanga), distantes de 3 400 km.
Cet accord prévoit également la réalisation en 36 mois d’une autoroute entre Lubumbashi (capitale du Katanga) et Kasumbalesa, un important poste douanier à la frontière avec la Zambie, ainsi que la construction de 31 hôpitaux, 145 centres de santé, de 2 grandes universités et de 5 000 logements sociaux. Des contrats qui feront, bien entendu, appel aux entreprises de l’empire du Milieu. En échange, les Chinois font une entrée en force dans l’exploitation des mines, dans le cadre de partenariats entre les entreprises publiques des deux pays. Pékin mettra 2 milliards pour réhabiliter les infrastructures minières et se « paiera » sur la production et le commerce des minerais. Des experts des sociétés minières chinoises sont actuellement en visite d’étude dans les concessions publiques de RDC, notamment celles de la Gécamines, pour déterminer la teneur des gisements ainsi que les coûts de réhabilitation et d’exploitation. La RDC recèle notamment 34 % des réserves mondiales connues de cobalt et 10 % pour le cuivre.
Les plus grandes compagnies internationales sont présentes, dont le premier groupe minier mondial BHP Billiton, Rio Tinto, le géant de l’or sud-africain Anglogold Ashanti et l’américain Phelps Dodge. « Les opérateurs privés ne voient pas d’un très bon il l’OPA chinoise. Ils craignent une renégociation des accords établis », explique un diplomate européen, alors que l’audit d’une soixantaine de joint-ventures a été lancé en juin dernier. Victor Kasongo, ministre des Mines, se veut rassurant et précise que le partenariat sino-congolais ne remet pas en cause les contrats existants.

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