Irak : un si lourd héritage

Quelles que soient les futures décisions de Bush dans la conduite de la guerre, son successeur se trouvera en fort mauvaise posture.

Publié le 23 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Du 11 septembre 2001, il faut retenir une leçon : invincibilité n’est pas synonyme d’invulnérabilité. Pour ce qui est du bourbier irakien, la morale de l’histoire est que la capacité à conquérir ne confère pas l’aptitude à contrôler. Si l’Amérique de l’après-Bush veut conserver son leadership mondial, elle ferait mieux de prendre conscience des limites de sa puissance. Les États-Unis demeurent l’unique superpuissance, la seule nation capable d’intervenir presque partout, à n’importe quel moment. Ils sont plus forts militairement, économiquement, politiquement, culturellement que n’importe quel autre adversaire potentiel. Mis à part l’hostilité à l’égard de la personne et de la politique de George W. Bush, l’Amérique est toujours appréciée. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la plupart des Iraniens se disent pro-Américains.
Mais dans l’exercice de la puissance américaine, l’administration actuelle a laissé s’éroder cette popularité. Au cours des six dernières années, Washington a préféré se définir par rapport à une poignée d’ennemis, au détriment de ses nombreux amis. Sous George W. Bush, la Maison Blanche n’a jamais compris la nécessité de fixer des limites et de mesurer la portée de la suprématie américaine.
L’administration Bush avait présenté l’invasion de l’Irak comme vitale pour vaincre Al-Qaïda, argument qui s’est révélé mensonger. L’opération « Shock and Awe » (« choc et effroi ») était conçue comme la démonstration d’une puissance brutale. Comme le célèbre francophile Donald Rumsfeld aurait pu le dire, Saddam Hussein fut renversé pour encourager les autres [en français dans le texte], à savoir les démocrates. Au lieu de quoi la guerre en Irak a fait le lit de l’islamisme armé et détourné les États-Unis de la traque d’Al-Qaïda.
Le nombre des soldats américains redescendra l’été prochain à 130 000. Ce retour au niveau d’avant le « sursaut » est plus un impératif militaire qu’un choix politique. L’administration a promis à demi-mot d’autres réductions d’effectifs – peut-être jusqu’à 100 000 hommes – au moment où la campagne présidentielle battra son plein, à l’automne 2008. Mais cet agenda laissera au successeur de Bush la responsabilité, comme à Saigon, de dispatcher les hélicoptères sur le toit de l’ambassade des États-Unis à Bagdad
Les cyniques diront que Bush aimerait que l’Irak cause à son successeur – de préférence un démocrate – autant d’ennuis qu’il en a eu durant sa présidence. Un vu qui a de fortes chances d’être exaucé. Aussi longtemps qu’ils seront en campagne, les candidats à la présidentielle de 2008 peuvent certes éviter tout débat sur les conséquences d’un retrait des troupes. Les électeurs, après tout, le réclame. Mais la réalité du désengagement sera probablement très différente, et le prochain président pourrait avoir le choix entre le désastre et la catastrophe.

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