L’heure de vérité

Publié le 23 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement libanais ne pouvait être soupçonné de connivence avec le Hezbollah. Il s’en était démarqué de façon on ne peut plus nette. Par leur violence, les attaques d’Israël, sur l’ensemble du territoire libanais, mettent ce gouvernement dans l’impossibilité de conduire une quelconque action d’apaisement. Par leur ampleur, ces attaques pèseront longtemps sur l’avenir du pays.
Dire que le gouvernement libanais avait le devoir de faire le ménage chez lui, c’est feindre d’ignorer dans quelle situation se débat le pays depuis des décennies – du fait des carences des institutions chargées de faire respecter la loi internationale. Lui reprocher de ne pas suivre les règles de la démocratie, n’est-ce pas oublier que ce pays a servi de « débarras » chaque fois ?qu’Israël a voulu se délester de populations indésirables ?
On ne peut lui adresser des remontrances, sans mésestimer les hypothèques, nombreuses et lourdes, que fait peser sur le libre arbitre du Liban le conflit entre Israël et son environnement. Conflit auquel le Liban a servi constamment d’exutoire.
Mais peut-on aussi exonérer Israël de toute responsabilité dans les événements en cours ? Peut-on oublier que la paix – qui était, à plusieurs reprises, proche – est devenue un mirage, par la volonté des gouvernements israéliens successifs, qui ont, à chaque fois, refusé de se conformer à la loi internationale. Au Proche-Orient, il est impossible – on l’a souvent constaté – de circonscrire une guerre dans des limites géographiques déterminées. Chaque conflit est source de tensions alentour. Aussi déclarer la guerre à tout le Liban, est-ce choisir, clairement, d’étendre le conflit, de manière à le rendre difficile à maîtriser ? Est-ce bien ce que recherche le gouvernement israélien ? Faut-il voir dans les opérations inconsidérées qu’il mène l’effet de l’inexpérience d’un Premier ministre frais émoulu d’élections fortuites ? Faut-il, au contraire, y percevoir une volonté délibérée d’écraser toute résistance au projet visant à donner aux Territoires une configuration conforme aux intérêts – mal compris – d’Israël ?

Dans cette nouvelle guerre contre le Liban, Israël ne s’attaque pas seulement aux infrastructures et aux organes vitaux du Liban. Ce que la lutte intestine, pendant deux décennies, n’a pas fait, cette nouvelle guerre du Liban tente de le réaliser : casser le pays, pour le morceler et le réduire à une série de cantons, qu’il sera aisé de dompter.
On sait, depuis longtemps, que le Hezbollah a des accointances avec l’Iran. Mais, en criant sur tous les toits, seulement à présent, que des combattants iraniens se trouvent dans les rangs de cette organisation, le gouvernement israélien veut toucher une corde sensible à Washington et inscrire ses propres options militaires dans le cadre de la stratégie américaine au Moyen-Orient.
D’aucuns craignent qu’Israël n’essaie aussi d’obtenir le feu vert, pour chercher querelle à la Syrie – de nouveau accusée de faire partie d’un « axe du Mal », avec l’Iran. Si cette éventualité devait, d’une façon ou d’une autre, prendre forme, ce serait la « chienlit » dans toute la région.
Mais, pour Israël aussi, c’est l’heure de vérité. Habitué à rendre au centuple le moindre coup, il est désormais confronté – pour un temps – à un adversaire apparemment insaisissable, qui a acquis les moyens d’une dissuasion peut-être effective.

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* Ancien secrétaire général de la Ligue arabe.

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