2000-2006 : les avatars de la loi Khelil

Publié le 23 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

La défunte loi Khelil sur les hydrocarbures avait provoqué, lors de son élaboration, une levée de boucliers tant chez les responsables de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), la puissante centrale syndicale que chez les patrons privés et même les rivaux politiques du président Bouteflika.
Ancien dirigeant de la Banque mondiale réputé proche des milieux pétroliers américains, Chakib Khelil avait été chargé d’offrir un cadre législatif à la libéralisation totale du secteur des hydrocarbures. Rendue publique en 2000, une première mouture du texte n’avait suscité que des réactions mitigées. Mais il aura suffi que la formule « privatisation de la Sonatrach » soit prononcée pour que tout s’embrase.
Aussitôt, Lakhdar Badredine, le secrétaire général de la Fédération des travailleurs du pétrole – qui compte quelque cent mille syndiqués -, avait menacé de paralyser le pays si le projet n’était pas retiré. « Ce que prévoit cette loi, c’est la privatisation des richesses nationales », avait tonné le syndicaliste. Le Forum des chefs d’entreprise (FCE), un lobby d’entrepreneurs privés, avait quant à lui dénoncé ce qu’il appelait un « bradage », tandis que les partis criaient à la capitulation en rase campagne devant les Américains. Patron du Front de libération nationale (FLN), le parti majoritaire à l’Assemblée, Ali Benflis, le Premier ministre de l’époque, avait carrément refusé d’inscrire cet avant-projet à l’ordre du jour d’un conseil interministériel. Même son de cloche chez Karim Younes, le président de l’Assemblée nationale, déclarant sobrement que « le FLN est contre la privatisation de Sonatrach ». Bref, seul le ministre de l’Énergie et une poignée de conseillers du président s’acharnaient à défendre une loi dont, manifestement, personne ne voulait.
Face à une telle hostilité, ne restait plus qu’une seule solution : geler le projet en attendant des jours meilleurs. C’est ce qui a été fait en 2003. Mais juste après sa réélection, en avril 2004, Bouteflika a demandé que la loi soit soumise aux parlementaires. Entre-temps, il est vrai, les contestataires étaient rentrés dans le rang. Le 25 mars 2005, la loi Khelil a été adoptée. Un peu plus d’un an plus tard, elle est profondément amendée. Dans l’intervalle, les cours du pétrole se sont envolés

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