3 questions à Jean-Pierre Kongolo Wadila

Président de la FEC-Katanga (Fédération des entreprises du Congo)

Publié le 23 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Comment a évolué le tissu industriel katangais ?
Jean-Pierre Kongolo Wadila : Depuis la chute de la Gécamines au milieu des années 1980, toute l’industrie qui accompagnait le secteur minier est tombée en faillite. Aujourd’hui, le tableau est très sombre, en raison de la concurrence déloyale des produits importés et du manque de volonté politique pour protéger les industries locales. Le tissu industriel est donc très délabré. Il est même quasiment inexistant au Katanga.
Et le commerce ?
Nous subissons l’influence des pays frontaliers qui sont anglophones, en particulier celle de l’Afrique du Sud, d’où proviennent de nombreux produits alimentaires dont l’importation a entraîné la fermeture de nos usines. Nous importons également des produits d’Asie, de Chine notamment, via Dubaï, comme les textiles, la friperie, l’électronique de loisirs, des ustensiles ménagers. Il y a aussi le ciment, les carreaux, les matériaux de construction et les automobiles. Tous ces produits sont beaucoup moins chers que les articles fabriqués au Katanga. Pour exemple, une Jeep neuve importée d’Europe revient entre 30 000 et 35 000 dollars, alors qu’une voiture importée de Dubaï coûte deux fois moins cher.
Qui tire parti de ces dérèglements et comment inverser les choses ?
Dans le commerce, il y a des Asiatiques, des Indiens, des Pakistanais et des Libanais qui sont là depuis une vingtaine d’années. Ils ont développé leurs activités dans l’informel et sont peu contrôlés. Et ce sont les mêmes, des Asiatiques notamment, qui achètent ces produits à l’état brut. Ils les exportent aussitôt pour servir de matière première pour l’industrie chinoise ou zambienne. L’industrie minière locale ne crée donc plus de valeur ajoutée ni de richesses, ce qui empêche la relance de l’économie katangaise. Pour changer cela, il faut faire respecter le code minier, qui interdit l’exportation des produits à l’état brut. Il est aussi indispensable de reconstituer un tissu industriel local en créant de nouvelles unités vers lesquelles la production artisanale peut être acheminée pour être traitée. Hélas ! actuellement, les vrais investisseurs miniers ne se bousculent pas à la porte du pays.

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