L’Ayatollah vire en tête

Publié le 23 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est que le 21 avril que la Cour constitutionnelle a rendu son arrêt, mettant fin à un insoutenable suspense. À l’issue du premier tour de la présidentielle qui s’est tenu sur l’île d’Anjouan le 16 avril, les trois qualifiés sont Ahmed Abdallah Sambi, avec 23,7 % des voix, Mohamed Djanffari (13,1 %) et Ibrahim Halidi (10,37 %). Ces candidats solliciteront les voix de l’ensemble de la population lors du second tour, le 14 mai.
Avec près du quart des suffrages, Ahmed Abdallah Sambi, alias « Ayatollah », prend incontestablement l’avantage. Orateur de talent, il a fait campagne sur un discours pragmatique, promettant d’améliorer les conditions de vie, de reformer l’institution judiciaire et de faire le procès des régimes précédents. Bref, en surfant sur l’impopularité de la classe politique traditionnelle, ce théologien doué en affaires prétend incarner la rupture avec le système. Mais celui que l’on présente comme un islamiste radical suscite certaines inquiétudes sur la Grande-Comore.
En deuxième position, Mohamed Djanffari est le véritable outsider. Ce retraité de l’armée française reconverti dans le transport a créé la surprise. L’homme dispose d’importants moyens financiers pour faire campagne et jouit, en tant qu’armateur, d’une image de patriote. Au plus fort de la crise séparatiste, alors qu’Anjouan était frappée d’embargo, il a, durant six mois, assuré le ravitaillement de l’île grâce à son ferry, le Ville de Sima. Mais il est inconnu en Grande-Comore et à Mohéli.
Enfin, le troisième candidat, Ibrahim Halidi, peut refaire son retard à l’échelon national. Cet ancien professeur de philosophie est originaire du Nyumakélé, une région anjouanaise peuplée, où il espère faire un bon score. De plus, il porte les couleurs de la Convention pour le renouveau des Comores (CRC, au pouvoir), ce qui lui rapportera des suffrages en Grande-Comore. Il profite de la logistique de la CRC au niveau national.
Dernière inconnue : le second tour sera-t-il assez transparent pour être crédible ? Une question sensible, d’autant que les primaires ne sont pas exemptes de critiques. L’envoyé spécial du président de l’Union africaine, José Madeira, reconnaît des incidents graves à Anjouan, mais pas de nature à entacher le scrutin. Quant au président de la Commission nationale électorale, Abderemane Hilali, il confirme que des « manipulations » ont eu lieu durant le vote.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires