Bongo Ondimba calme le jeu

Publié le 23 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Voilà bien vingt ans que Pierre Mamboundou n’avait mis les pieds au Palais du bord de mer. L’opposant radical au régime d’Omar Bongo Ondimba a finalement été reçu le 19 avril par le chef de l’État, qui a ainsi clairement marqué sa volonté de calmer le jeu après les événements survenus en mars.
Le climat entre l’Union du peuple gabonais (UPG) et le pouvoir se détériore depuis la présidentielle de novembre dernier, qui a vu la réélection du président sortant. Mais le leader de l’UPG, crédité de 13,5 % des voix, continue de contester cette victoire. La confrontation entre les membres de l’opposition radicale et le pouvoir a pris un tour nouveau lorsque les forces de l’ordre ont investi, le 21 mars au petit matin, le siège du parti. Plusieurs fidèles de Mamboundou ont été interpellés lors de l’intervention, mais leur chef de file a pu prendre la fuite et se réfugier à l’ambassade d’Afrique du Sud. Une opération policière décidée après les incidents survenus les 18 et 20 mars entre les forces de l’ordre et des jeunes militants de l’UPG. Le gouvernement a expliqué pour sa part que le raid contre l’UPG visait à y récupérer des armes.
Après s’être imposé pendant presque un mois comme hôte de l’ambassade d’Afrique du Sud, Mamboundou a donc pu rencontrer le chef de l’État pour un entretien auquel se sont joints des conseillers du président, certains membres du gouvernement ainsi que plusieurs autres dirigeants de l’UPG. À l’ordre du jour, l’accès de l’opposition aux médias, les questions électorales et la sécurité personnelle du chef de l’UPG. À l’issue de la rencontre, Pierre Mamboundou s’est réinstallé au siège de son parti, préalablement évacué par les forces de l’ordre : « Je suis sorti côté jardin, je suis rentré côté cour », a-t-il plaisanté.
Pour le porte-parole du gouvernement, René Ndemezo Obiang, « l’essentiel, c’est que les deux hommes ont pu se rencontrer. Dès lors que le dialogue est noué, les incompréhensions de toute nature peuvent être plus facilement levées. » Les discussions devraient maintenant se poursuivre à la primature. Les questions évoquées à la présidence par Mamboundou, notamment celles concernant l’accès aux médias et la liberté d’expression des partis politiques, doivent faire l’objet d’une très prochaine rencontre entre le Premier ministre et l’ensemble des partis.
Pour sa part, le chef de l’État est parvenu à dénouer la crise tout en maintenant le différend avec l’UPG sur le terrain des affaires intérieures. Afin de sortir de cette impasse, Mamboundou proposait l’intervention d’un « facilitateur » choisi parmi les représentants de l’Afrique du Sud, de l’Union européenne ou des États-Unis. Certes, le président sud-africain, Thabo Mbeki, et le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, tout comme l’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, sont intervenus plus ou moins discrètement pour aider à renouer le fil du dialogue. Mais Omar Bongo Ondimba a finalement tenu à ce que le dossier soit confié à au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, André Mba Obame, et au porte-parole du gouvernement. Une manière de dire que les tensions internes au Gabon ne sont pas suffisamment graves pour nécessiter une médiation internationale.

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