Gazagate

Empêtrés dans leurs querelles historiques, les responsables politiques et militaires des pays de la région ne parviennent pas à unir leurs efforts sur le plan sécuritaire. Une aubaine pour les salafistes, regroupés, eux, sous la même bannière.

Publié le 23 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Vanity Fair
Mensuel, États-Unis

Personne n’est plus haï par le Hamas que Mohamed Dahlan. Ex-conseiller à la sécurité nationale d’Abbas, il se bat depuis plus d’une dizaine d’années contre le mouvement islamiste. Le président George W. Bush l’a reçu au moins à trois occasions. Après une rencontre à la Maison Blanche, en juillet 2003, Bush a fait publiquement son éloge : « C’est un solide meneur d’hommes. » En privé, indiquent de nombreuses personnalités israéliennes et américaines, il dit de lui : « C’est un homme sur qui nous pouvons compter. »
Ces derniers mois, le président Bush a répété que la dernière grande ambition de sa présidence était de négocier un accord qui créerait un État palestinien viable et apporterait la paix à la Terre sainte. « On me demande : pensez-vous que ce soit possible au cours de votre présidence ? » a-t-il déclaré, le 9 janvier, dans une réunion publique à Jérusalem. La réponse a été : « J’ai beaucoup d’espoir. » Le lendemain, à Ramallah, Bush admettait que cet objectif se heurtait à un obstacle important : l’autorité absolue dont dispose le Hamas à Gaza. Ses habitants tirent presque tous les jours des roquettes sur les villes israéliennes voisines, et le président Abbas est impuissant à y mettre fin. Son pouvoir se limite à la Cisjordanie. « C’est une situation difficile, a reconnu Bush. Je ne sais pas si nous pouvons la régler en un an ou deux. » Ce que Bush n’a pas avoué, c’est sa propre responsabilité dans cette affaire.
Selon Dahlan, c’est Bush qui a insisté pour qu’il y ait des élections législatives dans les territoires palestiniens en janvier 2006, malgré les avertissements du Fatah, qui disait qu’il n’était pas prêt. Après la victoire électorale du Hamas, Bush a fait une autre erreur de calcul, beaucoup plus grave. Vanity Fair s’est procuré des documents confidentiels qui révèlent une « initiative clandestine », approuvée par Bush et mise en uvre par la secrétaire d’État Condoleezza Rice et le conseiller adjoint à la sécurité nationale Elliott Abrams, dont l’objectif était de provoquer une guerre civile palestinienne. Des forces commandées par Dahlan et disposant d’armes nouvelles fournies par l’Amérique devaient donner au Fatah le « muscle » nécessaire pour chasser du pouvoir le gouvernement du Hamas démocratiquement élu. Mais le plan secret s’est retourné contre ses auteurs : au lieu de chasser leurs ennemis du pouvoir, les hommes du Fatah, soutenus par les États-Unis, ont bien involontairement amené le Hamas à prendre le contrôle total de Gaza.
Au sein de l’administration Bush, la politique palestinienne a suscité un violent débat. Parmi ses adversaires, David Wurmser, néoconservateur avoué, qui a démissionné de ses fonctions de conseiller en chef du vice-président Dick Cheney pour le Moyen-Orient en juillet 2007. Il accuse l’administration Bush de s’être engagée dans une sale guerre pour offrir une victoire à une dictature corrompue (dirigée par Mahmoud Abbas). Il pense que le Hamas n’avait aucune intention de s’emparer de Gaza avant que le Fatah ne lui ait forcé la main. « Il me semble, dit Wurmser, que ce qui s’est produit, ce n’est pas un mauvais coup du Hamas, mais une tentative de putsch du Fatah, qui a été contrée avant d’avoir pu aboutir. »

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