Marc Guéniat : « Le modèle d’affaires des négociants repose sur le secret »
Marc Guéniat, responsable enquête à la Déclaration de Berne, auteur du rapport « Les affaires angolaises de Trafigura », a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique dans le cadre d’une enquête sur les maîtres de l’or noir.
![Marc Guéniat, responsable enquête à la Déclaration de Berne. DR](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/03/18/Marc-Gueniat_DR.jpg)
Marc Guéniat, responsable enquête à la Déclaration de Berne. DR
Jeune Afrique : Peut-on considérer les majors pétrolières comme des traders à proprement parler ?
Marc Guéniat : Le trading est une activité mineure pour les majors pétrolières puisqu’elles travaillent principalement avec des contrats de long terme (avec les raffineurs) ; le négoce est utilisé de manière ponctuelle, pour évacuer leurs excédents. En définitive, le trading génère peu de marge, quelques dizaines de cents par baril, tout au plus.
Comment les firmes de négoce suisses ont-elles réussi à se faire une place aussi imposante en Afrique ?
Elles ont pris la place laissée par les majors pétrolières qui se désengagent des pays à risque à cause des normes internationales plus contraignantes
La plupart des entreprises de trading ont crû de manière vertigineuse grâce à l’augmentation des cours du pétrole et des minerais. Par ailleurs, elles ont pris la place laissée par les majors pétrolières qui se désengagent des pays à risque à cause des normes internationales plus contraignantes sur la transparence des industries extractives. Alors que le modèle d’affaires des traders repose sur le secret.
Le négoce n’est pas une activité nouvelle. Pourquoi s’y intéresser maintenant ?
L’activité était en fait méconnue jusqu’à il y a une quinzaine d’années. Et la prise de conscience, en Suisse, où 30% du pétrole mondial est désormais négocié, ne date que de cinq ans environ. L’Extractive Industry Transparency Initiave (EITI) ne réfléchit d’ailleurs que maintenant à étendre ses activités aux sociétés de trading.
Vous accusez ces firmes de ne pas être transparentes. Celles-ci s’en défendent et affirment respecter les législations…
Les adjudications des appels d’offres sont tout sauf transparentes, et les prix fixés ne le sont pas non plus. À preuve, depuis des années, la société nationale nigériane, la NNPC, détient 51% d’un joint venture avec Vitol aux Bermudes. En 2010 la polémique est sortie au Nigeria. Si aucun document n’a pu être identifié, une lettre de la NNPC, publiée dans les médias, indique que, désormais, les prix devront refléter ceux du marché. Un aveux.
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